Nouvelle tuile pour le secteur forestier canadien : le département du Commerce des États-Unis a ouvert une enquête antidumping sur le papier couché, qui comprend le papier journal et celui utilisé pour l'impression de magazines.

L'enquête fait suite à une plainte de la papetière américaine Norpac, mais elle serait appuyée par plusieurs autres. Norpac prétend que les subventions aux papetières canadiennes leur procurent une marge de 23 à 55 %.

« On est très inquiets, affirme André Tremblay, président sortant du Conseil de l'industrie forestière du Québec. Ça aurait un impact quatre à cinq fois plus important que pour le bois d'oeuvre. »

Une dizaine d'usines au Québec fabriquent du papier couché.

Le secrétaire au Commerce des États-Unis, Wilbur Ross, a déclaré que les États-Unis voulaient un commerce « libre, équitable et réciproque avec le Canada » et que la plainte serait traitée « strictement sur la base d'une appréciation pleine et équitable des faits ».

LONG PROCESSUS

Cette nouvelle plainte suivra le même processus que celle portée contre le bois d'oeuvre canadien et une autre, contre le papier calandré, qui sert à l'impression de cahiers publicitaires.

Dans ce dernier cas, les États-Unis ont imposé un droit compensateur de 17,87 %.

Depuis l'imposition de ce droit en décembre 2015, Produits forestiers Résolu a dû verser environ 50 millions au Trésor américain pour écouler aux États-Unis la production de papier calandré de ses usines de Kénogami et Dolbeau.

L'entreprise conteste ce droit devant les instances du commerce international, mais le processus est long, explique Karl Blackburn, porte-parole de l'entreprise. Le droit compensateur « fragilise » les deux usines, dit-il.

L'accueil de la nouvelle plainte sur le papier par le département du Commerce toucherait potentiellement « beaucoup d'usines », dont celles d'Alma, Amos et Baie-Comeau.

« C'est le même mécanisme qui va suivre son cours, malheureusement. On espère bien qu'il n'en sortira rien. » -  Karl Blackburn, porte-parole de Produits forestiers Résolu

Le processus d'enquête et de plainte devrait aboutir en mai 2018. La première étape, d'ici un mois, est de déterminer si l'industrie américaine subit un dommage.

En 2016, le Canada a exporté pour 1,3 milliard US (1,6 milliard CAN) de papier couché aux États-Unis. Cependant, le volume et la valeur des exportations étaient en baisse depuis 2014.

NORPAC EN DIFFICULTÉ

Le plaignant dans cette affaire, North Pacific Paper Company (Norpac), établie à Longview, dans l'État de Washington, a annoncé il y a dix jours la fermeture de l'une de ses trois machines à papier. Lors de cette annonce, le président de Norpac, Craig Anneberg, a affirmé que son entreprise luttait pour « demeurer concurrentielle en dépit des prix injustes et de la concurrence canadienne subventionnée ».

Norpac est née du rachat d'une usine de Weyerhauser par un investisseur privé. Les 400 employés de l'usine ont accepté en mai de subir une baisse de salaire de 10 % et de sabrer leur régime de retraite, selon le journal local.