Les alliés de la gauche radicale du gouvernement socialiste du Portugal ont fustigé samedi la vente de la banque Novo Banco au fonds d'investissement américain Lone Star, estimant qu'elle «met en jeu des milliards d'euros des contribuables».

«Le gouvernement tente d'imposer une solution pour laquelle il n'a pas le soutien de la gauche et qui ne passerait jamais au Parlement», a dénoncé Catarina Martins, dirigeante du Bloc de gauche, proche du Podemos espagnol.

Le premier ministre Antonio Costa avait annoncé vendredi la cession par l'État à Lone Star d'une participation de 75% de Novo Banco, sauvée en 2014 de la faillite grâce à une injection de fonds publics de 4,9 milliards d'euros (6 952 120 000 dollars canadiens).

Lone Star s'est engagé à recapitaliser la banque, successeur de Banco Espirito Santo (BES), à hauteur d'un milliard d'euros.

Mais cette transaction n'apporte aucune recette à l'État qui gardera une part de 25% de Novo Banco, à travers le Fonds de résolution des banques, sans y disposer d'un siège au conseil d'administration.

«C'est une erreur de livrer la banque à un fonds vautour sans garder un pouvoir de contrôle», s'est emportée Catarina Martins, avant d'exiger un vote au Parlement pour trancher l'affaire.

«L'État utilise une fois de plus l'argent des Portugais pour nettoyer le bilan d'une banque», a affirmé Miguel Tiago, député du Parti communiste qui réclame, comme le Bloc de gauche, la nationalisation de Novo Banco.

Les partis de la gauche radicale redoutent que la garantie de 3,9 milliards d'euros donnée par le Fonds de résolution pour couvrir de futures pertes liées à la dépréciation d'actifs de Novo Banco retombe in fine sur les contribuables portugais.

Car le Fonds de résolution est financé par les banques grâce à des prêts de l'État qu'elles sont censées rembourser seulement d'ici 30 ans.

«Les Portugais vont peut-être récupérer les huit milliards d'euros en jeu, mais seulement dans 80 ans», a ironisé le communiste Miguel Tiago.