Une semaine après avoir appris que son procès pour délit d'initié allait commencer à l'automne, David Baazov a vendu hier matin pour 133 millions de dollars d'actions d'Amaya, cette entreprise de Pointe-Claire propriétaire du site PokerStars.

Le fondateur et ex-PDG d'Amaya en a lui-même fait l'annonce dans un communiqué publié après la fermeture des marchés, hier. Il a cédé 7 millions d'actions à la Bourse de Toronto au prix de 19 $ chacune. La transaction s'est faite au cours de la première heure de la séance. Le titre d'Amaya a bondi en fin de journée, avant la fermeture, pour clôturer en hausse de 6 %, à 20,06 $.

Les 7 millions d'actions vendues par Baazov représentent environ 30 % des actions qu'il détenait. Il possède encore 17,6 millions d'actions d'Amaya - l'équivalent d'une participation de 12 % - et demeure le plus important actionnaire individuel de l'entreprise.

La direction d'Amaya avait laissé savoir vendredi qu'à la demande de certains banquiers, une modification était apportée à la disposition en matière de changement de contrôle afin de retirer à David Baazov la capacité d'acquérir le contrôle d'Amaya sans déclencher de cas de défaut et l'accélération potentielle du remboursement de la dette.

« Cette modification fait en sorte que si David Baazov devait acquérir la compagnie, les prêteurs auraient maintenant le choix de garder le financement actuel en place ou d'exiger qu'il trouve une autre source de financement », explique Eric Hollreiser, vice-président des communications chez Amaya.

L'hiver dernier, David Baazov avait fait connaître son intention de déposer une offre à 21 $ par action afin de racheter Amaya. Cette offre ne s'était jamais matérialisée. Il était revenu à la charge en novembre avec une proposition bonifiée à 24 $ par action qu'il a abandonnée quelques jours avant Noël en disant que certains actionnaires exigeaient une prime trop gourmande.

PROCÈS À L'AUTOMNE

Le procès pour délit d'initié de David Baazov et de deux coaccusés aura lieu à compter du 20 novembre. Le procès devrait s'étirer sur cinq mois jusqu'en mars prochain, selon ce qui a été décidé la semaine dernière au terme d'une audience tenue au palais de justice de Montréal.

Les trois accusés risquent la prison pour des délits d'initié qui seraient survenus dans les mois précédant l'acquisition, il y a trois ans, de PokerStars par Amaya. La Loi sur le commerce des valeurs mobilières prévoit une peine d'emprisonnement qui peut atteindre cinq ans moins un jour pour ce type de fautes. Les accusés s'exposent aussi à des amendes minimales de 5000 $ par chef jusqu'à un maximum de 5 millions par chef.

Baazov est notamment accusé d'avoir communiqué de l'information confidentielle. Les deux autres intimés sont accusés d'avoir fait des transactions en possession d'informations privilégiées. David Baazov est le fondateur d'Amaya.

L'entrepreneur de 36 ans a officiellement quitté ses fonctions chez Amaya à la fin de l'été dernier. Il dirigeait l'entreprise au moment de l'acquisition de PokerStars, en 2014, au prix de 5 milliards US.

Les accusations déposées le printemps passé découlent d'une vaste enquête amorcée dans la foulée de l'acquisition de PokerStars par Amaya. Le gendarme boursier québécois prétend que David Baazov a commis ses infractions entre décembre 2013 - moment où les discussions au sujet de PokerStars auraient débuté - et l'annonce de la transaction, en juin 2014.