L'Autorité des marchés financiers (AMF) a accepté d'indemniser au moins l'un des trois anciens clients qui ont porté plainte contre l'ex-conseiller financier vedette Michel Marcoux. Les deux autres demandes sont en cours de traitement.

L'AMF a accepté de verser l'indemnité maximale à l'investisseur Pierre Normandin, soit 200 000 $.

« C'est une première bonne nouvelle depuis quatre ans, dit M. Normandin, que nous avons joint au téléphone. Il a commencé les démarches pour récupérer son argent au début de 2013, soutient-il.

« En vertu de notre droit de subrogation, explique Sylvain Théberge, porte-parole de l'AMF, on peut de notre côté intenter des démarches pour récupérer de la part de l'individu ou de l'organisation qui sont visés par ces indemnisations les montants en question. C'est parmi nos outils. »

M. Normandin est l'un des trois anciens clients ayant porté plainte au civil contre Michel Marcoux dans l'espoir de retrouver l'argent qu'ils lui avaient confié. Les deux autres plaignants sont Éric Lacouture et Olivier Brossard. Le montant des réclamations totalise 1,6 million pour eux trois, selon des documents datés du 29 août 2016.

C'est l'avocat Nicolas Cayouette qui représente les trois investisseurs. Il n'a pas été possible de lui parler.

Les trois investisseurs ont également porté plainte contre Michel Marcoux au syndic de la Chambre de la sécurité financière (CSF), l'organisme d'autorégulation de la profession.

ANCIEN CONSEILLER-VEDETTE

Fondateur de la firme Avantages Services financiers qu'il a ouverte en 1995, M. Marcoux a été pendant de nombreuses années la référence dans les médias québécois en matière de fonds communs de placement. Il a été collaborateur au journal Le Devoir jusqu'en 2008.

Il a publié plusieurs livres sur le monde du placement. Son guide annuel Les 100 meilleurs fonds a été publié pendant plus de 10 ans, jusqu'en 2010. Investir en 2011 a pris la relève de la série. L'édition 2012 a été écrite en collaboration avec son fils Michel-Olivier, qui a travaillé avec son père au sein d'Avantages services financiers jusqu'en 2014. Michel-Olivier Marcoux a ensuite fondé Gestion de patrimoine ASF, cabinet affilié à Mica services financiers.

Le syndic de la CSF reproche à Michel Marcoux d'avoir détourné environ 1 million appartenant à ses clients.

Étant donné la gravité des fautes qui lui étaient reprochées, le comité de discipline de la Chambre a radié provisoirement M. Marcoux en 2014. Après de multiples contretemps, l'audition sur le fond doit finalement avoir lieu en avril 2017. Le financier fait face à 24 chefs d'accusation.

En parallèle, M. Marcoux attend la décision concernant sa requête en rejet de la plainte disciplinaire qui a mené à sa radiation temporaire provisoire. L'audition sur le rejet de la plainte a eu lieu en octobre devant le comité de discipline de la CSF.

« Les motifs invoqués étaient la durée des procédures et l'impact de la plainte sur le défendeur, indique Me Michel Cossette du cabinet Cossette Dolan, avocat de Michel Marcoux. La plainte disciplinaire numéro un relativement à ce dossier a été déposée en 2008 », souligne l'avocat.

EN FAILLITE

Auparavant, M. Marcoux et son cabinet Avantages services financiers ont fait faillite le 30 août dernier. Louis Langevin de Langevin syndic de faillite ne nous a pas rappelé.

Les déboires de M. Marcoux remontent en 2004 et sont liés aux comptes de Dominion Investments, ouverts sous différents pseudonymes chez Avantages Services financiers.

Dominion Investments est un courtier des Bahamas, aujourd'hui en liquidation. Il appartenait à l'homme d'affaires québécois Martin Tremblay qui a plaidé coupable d'avoir blanchi 20 000 $. Il a écopé de quatre ans de prison en 2007.

Après avoir fait faillite, M. Marcoux, par l'entremise de son syndic Louis Langevin, a déposé une requête pour suspendre les réclamations de ses anciens clients. M. Normandin a l'intention d'invoquer l'article 178 de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité pour que sa réclamation échappe à la procédure de faillite. Éric Lacouture a déjà produit pareille requête.