Gestion active, passive ou quasi passive ? La plupart des fonds communs offerts aux investisseurs canadiens font appel à un de ces trois styles de gestion. Qu'en est-il de chacun et à qui s'adressent-ils ?

Pour différencier ces trois styles, Jonathan Durocher, président de Banque Nationale Investissements (BNI), utilise l'analogie de la course automobile. Imaginons une course mettant à l'épreuve trois types de véhicules. Le premier est dirigé par un pilote automatique. Il s'agit de la gestion passive. Le deuxième est aussi dirigé par un pilote automatique, mais avec la possibilité d'apporter certains changements. Par exemple, les pneus peuvent être changés selon la température. C'est la gestion quasi passive. Enfin, le troisième véhicule est conduit par un pilote humain ayant toute la marge de manoeuvre voulue.

Qui gagnera la course ? « Difficile à dire, car chaque style comporte ses forces et ses faiblesses », répond M. Durocher. Chose certaine, votre choix doit se faire en fonction du style d'investisseur que vous êtes.

LA GESTION PASSIVE

Elle a l'avantage d'être très prévisible, tout en étant la moins dispendieuse, explique Sébastien Vallée, directeur principal, Développement Solutions de placement, Mouvement Desjardins.

Ces fonds communs vont généralement copier un indice ou un sous-indice boursier. Ils sont donc très prévisibles. Vous n'avez qu'à examiner le comportement de l'indice sous-jacent et vous aurez une bonne idée de la performance de votre fonds. Autre avantage, la gestion passive permet l'accès à des marchés très nichés, selon M. Vallée.

Mais les fonds gérés passivement ont aussi une faiblesse, soit celle d'être pour la plupart des fonds pondérés en fonction de la capitalisation boursière. « On a qu'à revoir l'épisode de Nortel ou, encore plus près de nous, celui de Valeant », rappelle Jonathan Durocher. Ces titres avaient atteint une telle taille dans l'indice que lorsqu'ils ont dégonflé, leur indice en a été proportionnellement touché.

LA GESTION QUASI PASSIVE

Elle s'appuie sur une tendance forte de l'industrie des fonds communs, soit le développement des fonds à bêta stratégique. Ce sont des fonds dont la sélection des titres se fait en fonction de critères tels la faible volatilité, le dividende, les ratios financiers ainsi que le momentum.

Ces fonds à bêta stratégique sont aussi relativement prévisibles, car on connaît la composition du fonds et que celle-ci change peu dans le temps. De plus, ces fonds comportent des frais relativement peu élevés. « Ce type de gestion est toutefois plus complexe que la simple gestion indicielle compte tenu des critères de sélection utilisés », estime M. Durocher.

Les fonds s'appuyant sur une gestion passive ou quasi passive s'adressent surtout aux investisseurs autonomes.

LA GESTION ACTIVE

Celle-ci s'en remet à des gestionnaires spécialisés à qui l'on confie la responsabilité du choix des titres qui composent le fonds. L'avantage est que ces fonds ont un potentiel d'apporter une valeur ajoutée intéressante, dans la mesure où le gestionnaire investira dans les titres qui réaliseront les meilleures performances.

Les frais reliés à ces fonds de gestion active sont plus élevés que pour les autres catégories de fonds. Du moins, c'est la perception que nous en avons, explique Stéphane Vallée. « Les frais sont effectivement plus élevés que ceux des deux autres styles de gestion, mais c'est qu'ils incluent la portion des frais liés au conseil », dit-il. En effet, de la même manière que l'investisseur doit rémunérer le conseiller à qui il fait appel pour gérer son portefeuille, l'acheteur d'un fonds commun géré activement doit rémunérer le gestionnaire.

Comment choisir les bons fonds de gestion active ? Il y a bien sûr les performances passées, bien qu'il n'existe aucune certitude qu'elles vont se répéter dans le futur.

Mais ce qui est important, c'est que le gestionnaire soit vraiment actif, explique M. Vallée. S'éloigne-t-il de son indice de référence ? « C'est là la force de la gestion active », dit-il. Si le gestionnaire ne fait que reproduire son indice de référence, il apporte peu de valeur ajoutée et, ainsi, les frais supplémentaires liés au conseil deviennent inutiles.

Les fonds communs gérés activement s'adressent aux investisseurs qui désirent profiter des conseils des experts.