Les nouvelles voitures des trains de banlieue de Montréal pourraient bien être construites en Asie, s'il n'en tient qu'à l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

Trois cadres de l'AMT se sont récemment rendus en Chine et en Corée pour présenter à deux constructeurs les besoins de l'organisme, qui veut acheter 24 voitures à deux niveaux pour les lignes de train de banlieue de Candiac, Vaudreuil-Dorion et Saint-Jérôme, un contrat évalué à 103 millions.

« Ce voyage-là a été effectué afin qu'on puisse valider des informations auprès des fournisseurs potentiels », a expliqué une porte-parole de l'AMT, Fanie Clément St-Pierre, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse.

Rappelons que Bombardier a été la seule entreprise à répondre à l'appel d'offres lancé par l'AMT en décembre pour les 24 voitures. Or, l'organisme a rejeté la proposition de la multinationale québécoise, la jugeant non conforme pour des raisons techniques et d'échéancier. L'appel d'offres a été annulé le 2 mai. Depuis ce revers, l'AMT tente de comprendre pourquoi les constructeurs qui avaient montré de l'intérêt ont finalement décidé de ne pas déposer de soumission.

Les trois salariés de l'AMT ont passé un peu plus d'une semaine en Asie, du 28 avril au 6 mai, pour rencontrer les représentants de CRRC, une société d'État chinoise qui est le plus important constructeur de matériel roulant du monde, et de Rotem, qui appartient au conglomérat sud-coréen Hyundai. En 2009, une filiale de CRRC, Zhuzhou Electric Locomotive, avait voulu participer à l'appel d'offres pour les voitures du métro de Montréal, mais ses avances avaient été repoussées.

L'AMT mène également ses « démarches de validation technique » auprès d'entreprises établies en Europe, mais aucun voyage là-bas n'est prévu pour l'instant, a affirmé Mme Clément St-Pierre.

Comme la commande de l'AMT est relativement petite, l'organisme ne demande pas aux entreprises d'établir une usine en sol québécois, une pratique courante pour des contrats d'envergure. « Ce n'était pas le sujet des entretiens », a indiqué la porte-parole. L'AMT envisage d'éliminer l'exigence de contenu canadien pour les 24 voitures, laquelle avait été fixée à 25 % dans l'appel d'offres annulé.

Notons que CRRC construit actuellement des usines à Boston et à Chicago après avoir décroché des commandes dans ces marchés aux dépens de Bombardier. Pour sa part, Rotem a construit en Corée les voitures du train reliant Vancouver à son aéroport. Ce projet, financé en partie par SNC-Lavalin et la Caisse de dépôt et placement du Québec, a servi d'inspiration pour le Réseau électrique métropolitain (REM) mis de l'avant par le gestionnaire institutionnel.

« Nous sommes très étonnés de voir que des employés d'une agence de transport se déplacent pour aller rencontrer des fournisseurs étrangers en plein appel d'offres alors que le processus avait déjà été publicisé à l'international », a commenté au téléphone un porte-parole de Bombardier Transport, Marc Laforge. Précisons toutefois que la date limite de réception des offres était le 15 mars.

Les dirigeants de l'AMT ne savent pas encore à quel moment ils relanceront un appel d'offres pour la commande de 24 voitures. L'organisme est à évaluer si la concrétisation éventuelle du REM aura un impact sur ses propres besoins. Il n'a pas voulu dévoiler le coût du voyage en Asie, nous invitant plutôt à déposer une demande d'accès à l'information.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

L’appel d’offres pour 24 nouvelles voitures des trains de banlieue de l’AMT a été annulé le 2 mai. La valeur du contrat était évaluée à 103 millions.