Le Canada a entrepris de contester les droits compensateurs imposés par le gouvernement américain sur le papier surcalandré canadien, mais la démarche a pris un retard qui s'avère coûteux pour Produits forestiers Résolu, qui est durement frappé par ces mesures.

« Ça nous coûte 30 millions par année pour nos deux usines [de Dolbeau et de Kénogami], a indiqué hier le président-directeur général de Résolu, Richard Garneau. Ça fait mal. »

La contestation amorcée par le Canada en vertu du chapitre 19 de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est une longue procédure, qui prend entre 18 et 30 mois. Mais elle a aussi pris du retard, a déploré M. Garneau lors d'un entretien avec La Presse. « Les panels [pour examiner le litige] doivent être formés dans les 59 jours, et ça n'a pas été fait. On a trois mois de retard », a-t-il expliqué.

En attendant, l'entreprise verse une taxe de 17,87 % sur sa production de papier surcalandré, de l'argent qui restera immobilisé en fiducie jusqu'à la résolution du litige.

QUATRE ENTREPRISES TOUCHÉES

Quatre entreprises canadiennes sont visées par les droits compensatoires du département du Commerce des États-Unis, qui prétend qu'elles reçoivent des subventions pour produire ce type de papier. Outre Résolu, il s'agit de J.D. Irving au Nouveau-Brunswick, Port Hawkesbury Paper en Nouvelle-Écosse et Catalyst en Colombie-Britannique.

Les dirigeants de Résolu étaient à Ottawa, hier, pour témoigner devant la commission de la Chambre des communes qui se penche sur les exportations de bois d'oeuvre canadien.

L'accord spécial qui encadre ces exportations avec un système de quotas et de taxes est expiré depuis octobre dernier.

Dans l'est du pays, les entreprises poussent fort pour que le gouvernement canadien instaure le libre-échange dans le commerce du bois, ce qui serait une première. « Il y a un genre d'unanimité dans l'industrie », estime Richard Garneau. 

« Depuis 2013, le régime forestier québécois est une copie de ce qui se fait aux États-Unis avec le système d'enchères. Il n'y a pas de raison de ne pas avoir le libre-échange. »

- Richard Garneau, président-directeur général de Résolu

Les négociations s'annoncent difficiles avec les Américains, malgré la bonne entente qui règne entre le président Barack Obama et le premier ministre Justin Trudeau.

Depuis la fin de l'accord spécial, le bois canadien peut être exporté librement aux États-Unis, en vertu d'une période de grâce d'une durée d'un an. C'est en octobre prochain que les hostilités pourraient reprendre, si l'industrie américaine décide de réagir à l'augmentation des exportations canadiennes.

Cette augmentation est normale, selon le patron de Résolu, parce que les exportations de bois canadien ont été restreintes depuis neuf ans et que l'économie américaine prend du mieux.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE-Montreal---Richard Garneau, PDG de Produits forestiers Résolu dans leurs bureaux au 111 Duke.----7 octobre 2014-AFF # 706 010