C'est Ubios, jeune entreprise du secteur de la domotique, qui sera la première à profiter des règles mises sur pied par l'AMF pour inciter le grand public à investir en elle.

À compter du 24 janvier, toute personne intéressée pourra investir dans Ubios en y injectant un maximum de 1500 $, ainsi que le prévoient les règles adoptées par l'Autorité des marchés financiers (AMF) en novembre dernier.

Pour le fondateur d'Ubios, Mathieu Lachaîne, l'expérience du financement participatif en capital est évidemment une première. Mais pas celle du lancement d'une entreprise. En fait, Ubios est sa sixième aventure.

« Ça a commencé comme un projet pour renouer avec l'électronique », raconte celui qui a évolué pendant 16 ans dans le domaine de la sécurité informatique.

C'était il y a un peu plus de trois ans. Il venait alors de vendre ses entreprises du moment et amorçait un programme de maîtrise en administration où il avait été admis sur la base de son expérience.

« Tout au long de ce programme, je cherchais quelle serait ma prochaine aventure. Je m'étais amusé avec l'électronique quand j'étais ado. J'ai appelé un de mes amis pour qu'on s'y remette. C'était en mars 2013, avant que Nest ne soit connu. Ce n'était pas un projet commercial, juste quelque chose pour le plaisir, entre amis. »

De l'autre côté, à l'école, il mène des recherches sur le marché de la maison intelligente.

« La deuxième année de mon MBA, tous mes travaux portaient là-dessus. Éventuellement, ma thèse d'équipe à la fin est devenue le plan d'affaires d'Ubios. »

RAFFINER L'IDÉE

Ce plan d'affaires de départ prévoyait la conception d'une plateforme modulaire pour la maison intelligente, qui serait capable d'évoluer dans le temps et de rester d'actualité.

« Avant, on avait une caméra, un téléavertisseur, un téléphone, un ordinateur, etc. Maintenant, on a un téléphone intelligent. De la même façon, en ce moment, sur votre mur, il y a des interrupteurs, des thermostats, des claviers de système d'alarme, une télécommande pour l'air conditionné, une commande pour l'échangeur d'air, etc. Nous voulions regrouper tout cela dans une unité murale intelligente qui ne coûterait rien à cause des économies d'énergie qu'elle générerait. »

Au fil du temps, la proposition s'est raffinée. La première proposition commerciale d'Ubios vise la protection contre les dégâts d'eau et les économies de chauffage.

« On s'est rendu compte que les dégâts d'eau sont un problème criant, qu'il commence même à y avoir des problèmes d'assurance dans certaines copropriétés. » - Mathieu Lachaîne, fondateur d'Ubios

Les thermostats intelligents d'Ubios détectent les mouvements, ce qui leur permet de savoir quand vous quittez la maison. En plus d'adoucir la demande en chauffage, ils envoient alors une commande à une valve située à l'entrée d'eau principale de couper l'alimentation. Du coup, les risques de fuite en votre absence deviennent presque nuls.

Cette même valve surveille aussi en tout temps le débit d'eau, ce qui lui permet de déceler des irrégularités qui pourraient, par exemple, être dues à une fuite cachée dans un mur. Des détecteurs de fuite sont aussi placés dans des endroits sensibles, comme près de certains électroménagers ou du chauffe-eau.

CIBLÉ POUR LE QUÉBEC

Ce sont les gestionnaires immobiliers qui seront les premiers clients d'Ubios, qui ne cible pas de commercialisation grand public avant 2017.

Pour cette raison, entre autres, et parce que l'entreprise veut offrir un service clés en main, installation comprise, l'idée de mener une campagne de financement participatif par le biais de sites comme Kickstarter a rapidement été écartée.

« Je ne peux pas vendre en Australie ou en France pour le moment », explique M. Lachaîne.

Le financement participatif en capital, comme celui qu'autorise maintenant l'AMF, semblait donc plus attirant. D'autant, selon M. Lachaîne, qu'il permettra à des gens qui peuvent être tentés par l'entrepreneuriat d'en avoir un aperçu de près.

Techniquement, les investisseurs qui passent par ce programme seront actionnaires d'une société en commandite qui, elle, sera actionnaire d'Ubios. Les règles empêchent Ubios de s'épancher sur les détails de l'investissement, mais M. Lachaîne assure que le public aura droit « au même deal que Québecor et d'autres investisseurs traditionnels », qui ont déjà investi dans Ubios ou s'apprêtent à le faire.

UBIOS

Qui 

Mathieu Lachaîne et sept employés cofondateurs

L'idée 

Un système de domotique permettant de contrôler et surveiller la température, les dégâts d'eau et plus à terme.

L'ambition 

Faire une maison intelligente avec un vrai retour sur investissement, utilisable par monsieur et madame  Tout-le-Monde.

Ils y croient et y ont investi de l'argent 

M. Lachaîne, son père François, Bite Size Entertainment, Québecor et d'autres à venir