Six banquiers ont été formellement inculpés lundi à Londres pour avoir manipulé l'Euribor, un taux de référence de la finance, une affaire jumelle du retentissant scandale du Libor.

Ils font partie d'un ensemble de onze financiers dont six travaillaient chez Deutsche Bank lors des faits incriminés, quatre chez Barclays et un à la Société Générale.

Seuls les six d'entre eux qui se sont présentés lundi devant la cour de Westminster ont été inculpés, les cinq autres convoqués n'étant pas apparus et devant se présenter mercredi à la justice pour être mis en examen à leur tour afin de permettre au procès de s'ouvrir.

Ces financiers sont accusés d'avoir manipulé l'Euribor, un ensemble de taux d'intérêt auquel les banques européennes de premier plan se consentent des prêts en euros. Parmi ces dix hommes et une femme, Barclays et la Société Générale n'emploient plus les personnes concernées mais au moins l'une d'entre elles travaille encore chez Deutsche Bank où elle occupe un poste d'encadrement.

Un seul d'entre eux réside au Royaume-Uni, les autres habitant aux États-Unis, en Allemagne, en France, au Danemark ou encore à Singapour.

«Le taux d'intérêt a été manipulé pour arranger les positions des opérateurs actifs sur le marché des produits dérivés», a expliqué le procureur James Waddington devant le tribunal de Westminster. Les banquiers concernés en auraient tiré des bénéfices indus.

Ce scandale avait éclaté au grand jour à la même époque que celui du Libor, le cousin londonien de l'Euribor, lorsque la banque britannique Barclays avait révélé en 2012 qu'elle devait payer 290 millions de livres pour mettre fin à des enquêtes au Royaume-Uni et aux États-Unis, poumons de la finance mondiale.

D'autres institutions (dont UBS, RBS et Rabobank) ont dû depuis régler des pénalités équivalentes à des milliards d'euros au total aux autorités de régulation et institutions judiciaires de ces deux pays dans les affaires du Libor et de l'Euribor. Deutsche Bank a notamment écopé d'une amende de 2,5 milliards de dollars en avril aux États-Unis pour manipulations du Libor.

Le Britannique Tom Hayes, un ancien d'UBS et de Citigroup, a été le premier à être condamné à de la prison ferme dans ces affaires, écopant en août à Londres d'une peine de 14 ans d'emprisonnement pour avoir manipulé la déclinaison japonaise (en yen) du Libor. Cette peine a été réduite en appel à 11 ans fin décembre.

Le procès de six autres anciens intermédiaires financiers, ouvert le 6 octobre à Londres, est en outre toujours en cours dans le cadre des investigations autour des manipulations du Libor.

Les taux Euribor (pour Euro Interbank Offered Rate), comme le Libor, servent de référence pour de nombreux produits financiers, du compte d'épargne le plus classique au produit dérivé complexe, en passant par les emprunts immobiliers et les crédits à la consommation.