La Commission européenne a annoncé jeudi l'ouverture de deux enquêtes formelles contre le géant américain des composants électroniques Qualcomm, soupçonné d'abus de position dominante dans le domaine de l'électronique grand public.

Le groupe américain, dont les puces sont notamment utilisées dans les téléphones intelligents, a déjà écopé en février d'une amende de 975 millions de dollars suite à une enquête antitrust en Chine, et est visé depuis novembre 2014 par une enquête américaine sur les modalités d'octroi de ses brevets.

Les deux enquêtes européennes portent sur «d'éventuels comportements abusifs de la part de Qualcomm dans le domaine» des composants «utilisés dans des dispositifs électroniques grand public», a précisé la Commission dans un communiqué.

«Nous voulons nous assurer que les fournisseurs d'équipements de haute technologie peuvent se livrer concurrence sur la base des mérites de leurs produits», pour «faire en sorte qu'au bout du compte les consommateurs en aient pour leur argent», a commenté la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, citée par le communiqué.

La Commission va d'une part examiner si Qualcomm a «proposé des incitations financières à ses clients» pour qu'ils se fournissent «exclusivement ou presque» chez lui.

La seconde enquête doit «apprécier si Qualcomm a pratiqué des 'prix d'éviction'» (...) inférieurs aux coûts dans le but de forcer ses concurrents à quitter le marché».

Sous la direction de Mme Vestager, les services de concurrence européens sont déja passés à l'offensive envers les géants américains Google, MasterCard et Amazon.

Si la Commission établit les preuves d'une infraction, elle peut infliger des amendes allant jusqu'à 10% du chiffre d'affaires annuel des entreprises concernées.

Le lancement d'enquêtes, qui ne préjuge en rien du résultat, permet au groupe mis en cause de se défendre formellement.

«Nous sommes déçus» de cette annonce, «mais coopérons et allons continuer de coopérer avec la Commission, et continuons de croire que les inquiétudes» manifestées par la Commission «sont sans fondement», a réagi Qualcomm dans un communiqué.

La démarche entreprise par la Commission «permet aux enquêteurs de rassembler des faits additionnels», mais ne représente en aucun cas «une accusation contre le groupe», ajoute le communiqué.