Alors qu'il s'était donné pour but de redorer l'image de son secteur d'activité, un commerçant-vedette de la téléréalité Pawn Shop Québec est devenu hier la toute première personne accusée d'avoir exploité illégalement une entreprise de services monétaires en vertu de la nouvelle législation québécoise.

L'Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé le dépôt d'une poursuite contre Sylvain Brochu pour avoir exploité son commerce sans détenir de permis. Depuis le 1er avril 2012, en vertu de la Loi sur les entreprises de services monétaires, toutes les sociétés qui offrent des services comme le change de devises, les transferts de fonds, les émissions ou le rachat de chèques de voyage ou l'encaissement de chèques doivent détenir un permis délivré par l'AMF.

Mais avant hier, l'organisme n'avait jamais sévi contre un contrevenant à cette loi.

Sylvain Brochu, propriétaire de l'entreprise Comptant illimité à Sherbrooke, est l'une des vedettes de la télésérie Pawn Shop Québec diffusée sur les ondes de Ztélé, une chaîne de Bell Média. L'émission met en scène des prêteurs sur gages, un peu à la manière des séries à succès américaines Pawn Stars et Hardcore Pawn.

En entrevue à La Tribune en août dernier, M. Brochu avait dit vouloir améliorer l'image du prêt sur gages au Québec. «Notre approche est plus amicale, on développe une relation à long terme avec nos clients, on fait beaucoup de psychologie avec certains qui traversent une mauvaise passe. On ne fait pas de prêts, ici, on fait des accommodations temporaires. Il y a encore beaucoup de gens qui ne sont jamais entrés dans un de nos magasins, qui ressemblent plus à une caverne d'Ali Baba qu'à un marché aux puces. Il y a des mythes à défaire», disait-il.

M. Brochu avait toutefois refusé de commenter le fait que la police avait mené des perquisitions dans ses commerces dans les mois précédents.

Hier, c'est La Presse qui a appris au prêteur qu'il est dans la ligne de mire de l'AMF. Il a expliqué qu'il revenait tout juste de voyage. «Je ne comprends pas parce qu'on en a un, un permis de l'AMF» a-t-il déclaré.

Le porte-parole de l'AMF, lui, a refusé de commenter le dossier puisqu'il se retrouvera sous peu devant les tribunaux.

Du côté de Bell Média, la directrice principale du marketing et des communications, Joanne Lamoureux, affirme que l'entreprise suivra les prochains rebondissements de l'affaire.

«Pour l'instant, c'est une poursuite. Vu qu'il n'y a pas de jugement rendu, on ne retire pas l'émission des ondes. On va aviser quand on en saura un peu plus», dit-elle.