L'Autorité des marchés financiers (AMF) vient de sévir contre deux présumés conseillers en investissement qui utilisaient notamment le réseau social Facebook afin d'attirer des investisseurs potentiels.

Les deux associés auraient fait miroiter des revenus faramineux à quiconque voulait investir chez eux. Par l'entremise de comptes Facebook et sur le site web de l'entreprise Justin Jonathan Service Financier, ils promettaient même de faire doubler un investissement par des placements risqués dans des produits d'options binaires.

Sommes bloquées

À la demande de l'AMF, le Bureau de décision et de révision (BDR), tribunal administratif indépendant spécialisé dans le secteur des marchés financiers, a bloqué depuis près de deux semaines les sommes détenues dans les comptes bancaires du directeur général Justin Maisonneuve-Strasbourg et de son entreprise. Pour protéger les investisseurs, le BDR a aussi exigé la fermeture du site web, des comptes Facebook et a interdit à M. Maisonneuve-Strasbourg «d'exercer l'activité de conseiller et toute activité en vue d'effectuer toute opération sur toutes formes d'investissement», peut-on lire dans le communiqué de l'AMF publié hier.

Le fait d'investir dans des produits d'options binaires est légal, mais la pratique a déjà fait l'objet de nombreuses mises en garde de l'AMF, car elle s'apparente à une forme de loterie. C'est le «jeu du tout ou rien», explique son porte-parole, Sylvain Théberge. «Ce sont des investissements très risqués. Ça peut sembler attrayant au départ, mais ce type d'investissement demande une connaissance très approfondie du marché.»

Les investisseurs misent sur l'augmentation ou la diminution de la valeur d'un actif sur une période déterminée. Si l'investisseur a misé juste, il reçoit une prime généreuse, sinon il doit dire adieu à la totalité de son investissement.

Malgré le risque associé à cette pratique, le directeur général de l'entreprise, Justin Maisonneuve-Strasbourg, et son associé, Micael Girard, n'étaient pas enregistrés comme conseillers financiers auprès de l'AMF, contrairement à ce qu'indiquait leur site web.

«Il est clair que l'arrivée d'internet et des médias sociaux ouvre potentiellement une nouvelle porte à la fraude. On demande aux gens d'être très prudents», précise Sylvain Théberge.

Des accusations à venir

Les deux associés ne font l'objet d'aucune accusation pour le moment, mais l'enquête de l'AMF se poursuit. «Les enquêteurs ont des éléments inquiétants sur la table», ajoute Sylvain Théberge. Le nombre d'investisseurs potentiellement floués n'a pas encore été dévoilé.

Selon l'AMF, un proche de Justin Maisonneuve-Strasbourg aurait toutefois été sur le point de confier un héritage de 75 000$ aux deux individus au moment de l'intervention du BDR. Il lui aurait fait croire que cette somme lui permettait d'acheter 15% des actions de son entreprise. De faux documents ont aussi été créés afin de convaincre un autre client que leur entreprise était en règle.