La faible inflation dans la zone euro est «un obstacle supplémentaire» au redressement de l'économie, a estimé vendredi la Banque d'Espagne, alors que les prix à la consommation sont restés quasi-stables (+0,2 %) dans le pays en mai.

«La persistance de taux d'inflation bas pendant une période prolongée (...) représente un danger pour le maintien de la reprise et un obstacle supplémentaire à la nécessaire absorption des déséquilibres internes qui affectent l'Union économique et monétaire», a estimé la Banque d'Espagne dans son rapport annuel.

«Une situation de baisse généralisée et continuelle des prix peut limiter le dynamisme de l'activité de diverses manières», a ajouté l'organisme, citant notamment la propension des ménages et entreprises à reporter leurs achats, dans l'espoir de payer moins cher plus tard.

Selon les chiffres publiés vendredi par l'Institut national de la statistique (Ine), les prix à la consommation en Espagne sont restés quasiment stables en mai, l'inflation se limitant à 0,2 % sur un an, après être passée brièvement en territoire négatif en mars.

À l'horizon: le danger de voir apparaître la déflation, c'est-à-dire une baisse des prix prolongée minant l'ensemble de l'économie. C'est aussi une crainte plus large en zone euro où l'inflation reste faible, à 0,5 % en mai selon la première estimation d'Eurostat.

Parmi les autres obstacles à la reprise en Espagne, le gouverneur de la banque centrale, Luis Maria Linde, cite notamment le chômage, proche de son record historique à 25,93 %: il «constitue l'héritage le plus lourd de la crise et le principal problème économique et social de notre pays».

«Le niveau de chômage et d'endettement des secteurs résidentiels sont d'une grande ampleur et leur absorption demandera un temps considérable», estime-t-il.

L'Espagne, doublement fragilisée en 2008 par l'éclatement de sa bulle immobilière et le début de la crise financière internationale, est sortie récemment de sa deuxième récession en cinq ans. Au premier trimestre, elle a connu une croissance de 0,4 %, le double de la moyenne en zone euro.