Parmi les crédits d'impôt aux entreprises qui sont réduits de 20% dans le premier budget du gouvernement Couillard, on retrouve celui lié aux salaires versés par les centres financiers internationaux à Montréal, c'est-à-dire les CFI dans le jargon du secteur.

Selon le regroupement Finance Montréal, on dénombre 59 CFI à Montréal qui emploient 952 personnes, pour la plupart des spécialistes des transactions internationales d'actifs financiers et de devises.

Pour tous ces CFI, le crédit d'impôt du Québec sur les salaires représentait une valeur de 19 millions par année en moyenne en subvention fiscale, à raison de 30% des coûts salariaux jusqu'à concurrence de 20 000$ par emploi admissible.

Selon une estimation préliminaire de Finance Montréal, la réduction de 20% du crédit d'impôt aux salaires dans les CFI équivaudra à une «perte» de subvention fiscale de l'ordre de 3000 à 4000$ par emploi. Ou quelque 3 millions par année parmi tout le contingent actuel des CFI.

Le montant semble minime à première vue, admet Éric Lemieux, directeur général des regroupements Finance Montréal et CFI-Montréal. Mais en fait, explique-t-il, il s'agira de coûts additionnels de rémunération dans un secteur où Montréal peine déjà à soutenir la concurrence d'autres villes aussi très ambitieuses pour attirer des activités financières de niveau international.

«Il n'y a pas de doute que le crédit d'impôt québécois sur les salaires était l'un de nos principaux éléments pour attirer et implanter des CFI à Montréal. Et pour mieux concurrencer des endroits comme le Luxembourg et Singapour, par exemple, qui ont beaucoup d'autres atouts», selon M. Lemieux.

Cela dit, il estime encore prématuré d'évaluer ou de quantifier les effets d'une réduction de 20% du crédit d'impôt sur les salaires des CFI. Entre autres parce qu'une telle évaluation dépend d'autres facteurs importants pour les CFI à Montréal, comme la qualité des compétences disponibles et l'évolution de tout le secteur des services financiers.

«D'emblée, cette réduction de crédit d'impôt signifie quelques milliers de dollars de plus en coûts par employé pour les CFI. Mais est-ce que ça suffira à dissuader la création d'autres emplois dans les CFI ou l'implantation de nouveaux CFI? C'est trop tôt pour le savoir», affirme Éric Lemieux.

«Mais au moins, la réduction du crédit d'impôt n'est pas particulière aux CFI, car elle touche les crédits d'impôt dans tous les secteurs. Aussi, on ne parle pas d'une abolition du crédit d'impôt, ce qui serait très grave pour les CFI, mais d'une petite réduction en fonction des défis budgétaires de tout le gouvernement québécois.»

59 sociétés accréditées qui regroupent 952 employés

Masse salariale: près de 70 millions par année

Subvention fiscale du Québec: environ 19 millions par année en crédit d'impôt sur les salaires

Principaux exploitants de CFI: les banques canadiennes et québécoises, le Mouvement Desjardins, Fiera Capital, Jarislowsky Fraser, Société Générale et BNP Paribas (France), State Street et Merrill Lynch (États-Unis)

Source: Finance Montréal