Le secrétaire d'État américain John Kerry a plaidé mercredi pour une solution «juste» et «adéquate» sur le dossier de la banque française BNP Paribas menacée d'une lourde sanction financière aux États-Unis pour avoir contourné l'embargo américain visant certains pays.

Le président français François Hollande est monté au créneau mercredi, à la veille d'une rencontre avec Barack Obama, pour défendre la banque.

En visite à Beyrouth et avant de se rendre à Paris, John Kerry s'est montré plutôt conciliant lors d'une conférence de presse.

«C'est un sujet qui relève de notre système judiciaire pour le Trésor et le ministère de la Justice (...) Nous voulons évidemment, quoi qu'il en soit, que cela soit juste et que cela reflète quelque chose d'adéquat par rapport à ce qui a pu se passer», a-t-il dit prudemment aux journalistes.

«Je suis confiant, c'est quelque chose sur lequel nous pouvons travailler et que nous pouvons régler», a commenté M. Kerry.

Le groupe bancaire français est accusé d'avoir réalisé des opérations avec des pays sous embargo, comme le Soudan et l'Iran. Selon la presse, il pourrait se voir infliger une pénalité supérieure à 10 milliards de dollars (7,34 milliards d'euros) ainsi qu'une suspension temporaire de ses activités aux États-Unis, ce qui l'empêcherait de traiter des transactions en dollars.

L'Élysée a indiqué mercredi que le chef de l'État avait écrit au président américain dès le 7 avril pour l'alerter sur le «caractère disproportionné des sanctions envisagées» contre la banque, et sur les «risques associés à celles-ci», selon l'entourage de M. Hollande.

M. Hollande indiquait également dans cette lettre que «dans le respect de l'indépendance de la justice, la procédure devrait se poursuivre sur des bases raisonnables en lien étroit avec les autorités de régulation financière», selon l'Élysée.

«La lettre date du 7 avril et ils se sont ensuite parlé au téléphone à ce sujet, parmi d'autres», a précisé l'Élysée.

Les deux présidents dîneront jeudi soir dans un restaurant parisien. «Je ne sais pas si lui (M. Obama) veut en parler mais moi, je lui en parlerai», a dit M. Hollande mercredi en marge d'un déplacement à Varsovie.

«Je suis déjà intervenu plusieurs fois avec des formes multiples, différentes et notamment une lettre», a précisé le président français.

Son chef de la diplomatie Laurent Fabius, qui suit le dossier avec le ministère de l'Économie, n'a de son côté pas hésité à mettre dans la balance les négociations en cours sur l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis (TTIP).