Depuis bientôt 40 ans, Microsoft a été l'un des moteurs des vagues successives qui ont fait évoluer la révolution numérique. Après le développement de l'ordinateur personnel et le passage à l'ère de l'internet, le géant mondial des logiciels d'exploitation se positionne solidement dans la nouvelle vague de l'infonuagique, et le Québec pourrait en profiter.

Janet Kennedy est depuis novembre dernier la nouvelle PDG de Microsoft Canada. Avant d'occuper ses nouvelles fonctions, elle avait assumé différents mandats au cours des 12 dernières années chez le géant de l'informatique aux États-Unis.

«Avant de me joindre à Microsoft, j'ai aussi travaillé durant 19 ans chez IBM. Toute ma vie professionnelle a été liée à l'informatique», explique la PDG, originaire de Chicago, dans une entrevue qu'elle nous a donnée dans les bureaux de Microsoft à Montréal.

«Depuis ma nomination, en novembre, c'est ma troisième visite à Montréal. J'aime cette ville créative où on a de nombreux partenaires d'affaires, dont CGI et Bell, et où on est aussi étroitement liés au monde académique», explique-t-elle, précisant qu'elle rencontrait le jour même un groupe à l'Université McGill.

Janet Kennedy a donc évolué au rythme des innovations qui ont transformé le monde de l'informatique. Elle se souvient très bien de ses débuts chez IBM lorsque Bill Gates avait déclaré que chaque foyer américain serait bientôt équipé d'un ordinateur personnel.

Une prophétie dont le bien-fondé a été mis en doute par beaucoup de gens à l'époque, mais qui s'est pourtant rapidement matérialisée. Trente ans plus tard, on est rendu à la révolution de l'infonuagique, constate la spécialiste techno.

Janet Kennedy était jusqu'à récemment responsable aux États-Unis des comptes corporatifs des grands acteurs globaux, tels Craft ou Accenture qu'elle a accompagnés dans leur migration vers l'infonuagique, cette gestion informatique à distance qui se fait grâce à internet.

«Les États-Unis ont pris de l'avance dans l'infonuagique. La crise de 2008-2009 a forcé bien des entreprises à réduire leurs coûts. Les grands acteurs mondiaux ont été les premiers à impartir leur gestion informatique à des tierces parties à distance», observe Janet Kennedy.

Depuis trois ans, les entreprises canadiennes ont fait du rattrapage et ont aussi adopté l'infonuagique comme solution pour le stockage de leurs données et la gestion de leurs comptes internet, ajoute la gestionnaire.

«Trois des cinq grandes banques canadiennes font affaire avec nous pour leur gestion de données. On est bien positionnés avec nos 23 sites d'hébergement qu'on exploite dans le monde», souligne-t-elle.

Aucune de ces fermes de serveurs informatiques n'est située au Canada, mais Janet Kennedy est très au fait des avantages concurrentiels dont dispose le Québec face aux besoins de cette nouvelle industrie, soit la qualité et la fiabilité de son réseau électrique et, surtout, les coûts d'acquisition très avantageux de cette énergie hydroélectrique.

Des services pour tous

À titre de présidente de Microsoft Canada, Janet Kennedy a toutefois un champ d'action qui s'est passablement élargi par rapport à ses anciens mandats. Elle ne voit pas qu'au seul déploiement de services pour la grande entreprise, mais bien pour l'ensemble de la clientèle de Microsoft.

«J'ai passé ma vie à travailler avec les grandes entreprises, mais mon rôle au Canada est d'articuler nos services pour une clientèle variée. On veut soutenir tout autant les étudiants que les universités de même que les retraités et même les utilisateurs de Xbox», précise la PDG.

«Outre les grandes banques, on travaille beaucoup avec les grands acteurs des télécoms, Bell, Rogers, Telus, les gros acteurs de l'industrie pétrolière et du commerce de détail, comme Jean Coutu au Québec.

«Mais on développe tout autant des solutions ou des services de soutien technologique pour les entreprises en démarrage. On a présentement 80 projets de collaboration avec des start-up canadiennes», fait valoir Janet Kennedy.

Le Canada fait partie des six centres d'excellence mondiaux que la multinationale a identifiés sur la planète, avec la France, l'Angleterre, l'Allemagne, le Japon et, bien évidemment, les États-Unis.

Montréal est l'un des neuf centres régionaux de Microsoft Canada, dont le siège social est situé à Mississauga, en Ontario. Le bureau montréalais compte 120 employés, mais ce nombre devrait augmenter prochainement parce que l'entreprise projette une expansion importante au début de l'été.

«On va encore mieux servir nos partenaires et nos clients», se contente de dire la PDG pour l'instant.

Mais à l'instar des autres divisions mondiales du géant de l'informatique, Microsoft Canada va aussi fortement promouvoir le virage de la mobilité que l'entreprise a réalisé avec l'acquisition du fabricant de téléphones Nokia.

«On attend la confirmation de cette transaction. Mais on va devenir un gros acteur dans le secteur de la téléphonie mobile. On va ajouter 35 000 personnes à nos effectifs de 80 000 employés. On est déjà troisième, derrière Apple et Android», rappelle la PDG.

Le bureau montréalais de Microsoft, qui travaille déjà en collaboration avec les nombreux studios de production de jeux vidéo de la métropole, entend aussi profiter davantage de sa proximité avec l'industrie pour peaufiner les changements futurs de sa fameuse Xbox.

«On travaille présentement avec plus de 80 entreprises en démarrage dans le domaine des nouvelles applications mobiles. Elles ont besoin de nos technologies, mais on va aussi bénéficier de cette collaboration», anticipe la PDG, qui affirme être elle-même une grande testeuse de nouvelles applications.