La société immobilière Ivanhoé Cambridge a augmenté sa présence au Québec au cours des dernières années et particulièrement au centre-ville de Montréal où elle a complété, l'été dernier, l'acquisition de la Place Ville Marie. Avec la construction prochaine d'une tour de 28 étages au 900 De Maisonneuve, l'empreinte d'Ivanhoé Cambridge sera vraiment significative au coeur de la métropole.

«Si on part du coin des rues Sainte-Catherine et Université, on passe de l'édifice des Ailes de la Mode au Centre Eaton puis, on arrive à la Place Montréal Trust. Toutes des propriétés d'Ivanhoé-Cambridge.

«De là, on peut voir au nord où sera le 900 De Maisonneuve et si on descend au sud, on arrive à la Place Ville Marie puis à l'Hôtel Reine Elizabeth. De l'autre côté de la rue, c'est l'édifice Sun Life. C'est encore à nous», explique Daniel Fournier, PDG d'Ivanhoé Cambridge, qui fait la narration d'une visite virtuelle des propriétés du groupe qu'il dirige.

Notre rencontre se fait au siège social de la Caisse de dépôt, autre propriété d'Ivanhoé Cambridge, de même que l'hôtel W, adjacent à l'immeuble. De l'autre côté de la rue, c'est le Centre de commerce mondial qui appartient à Ivanhoé Cambridge, l'une des 10 plus grosses sociétés immobilières au monde.

Lorsque la Caisse de dépôt a participé à l'acquisition de Steinberg en 1989, on avait demandé à l'avocat du secteur immobilier Daniel Fournier, lors d'un colloque, ce qui valait le plus dans cette transaction. Les activités de détail dans l'alimentation ou les actifs immobiliers de la société Ivanhoé?

«Je n'avais pas hésité une seconde et j'avais répondu l'immobilier», se souvient celui qui dirige aujourd'hui l'entreprise qui prenait tout juste forme à l'époque.

Masse critique et croissance organique

Au cours des quatre dernières années, le poids du portefeuille immobilier d'Ivanhoé Cambridge au Québec, sur ses actifs totaux de 42 milliards, est passé de 12,5% à 16,9%. Le poids des actifs européens a été réduit durant la même période de 25,3% à 19,3%.

«On a haussé nos investissements au Québec et aux États-Unis. Cela fait partie de notre stratégie de viser à obtenir des masses critiques dans les marchés que nous jugeons porteurs», explique Daniel Fournier.

«C'est plus facile de générer de la croissance organique quand tu disposes d'une masse critique et que tu peux compter sur des compétences locales fortes», renchérit-il.

Le PDG donne pour exemple la transformation prochaine du Complexe Les Ailes de la Mode, qui sera fusionné au Centre Eaton pour former une seule entité de 480 000 pieds carrés, une exclusivité qu'il confie à La Presse.

Ivanhoé Cambridge, le plus important propriétaire de centres commerciaux au Canada avec 42 propriétés, dont 18 au Québec, réinvestit continuellement pour hausser la valeur de ses actifs.

«On vient d'investir 350 millions pour doubler la superficie d'un de nos centres d'achats en Colombie-Britannique. On vient de terminer la rénovation des Galeries d'Anjou. On investit dans nos meilleurs centres pour qu'ils deviennent meilleurs encore», précise le PDG.

La force et la qualité du réseau d'Ivanhoé Cambridge lui assurent un avantage concurrentiel très précieux. Quand Apple fait savoir qu'elle souhaite ouvrir sept magasins au Canada, Ivanhoé Cambridge peut lui faire une offre sur le champ qui va satisfaire l'ensemble de ses besoins.

Pipeline et international

Ivanhoé Cambridge attend la confirmation d'un locataire qui occupera 30% de l'immeuble avant de lancer la construction du 900 De Maisonneuve, un projet qui date déjà d'une dizaine d'années.

Le groupe financier Standard Life veut y emménager, mais il doit d'abord vendre l'immeuble qu'il occupe. Daniel Fournier estime que la construction pourrait être achevée d'ici la fin de 2016.

«On a présentement pour 3,5 milliards de projets de développement dans le pipeline. Principalement au Québec, au Canada, au Brésil et aux États-Unis», expose Daniel Fournier.

Si Ivanhoé Cambridge a réduit ses positions en Europe, elle y reste néanmoins encore fermement attachée.

«On a vendu des propriétés en France parce qu'on a pu obtenir des prix exceptionnels. Mais on a racheté une participation dans un édifice à bureaux prestigieux à Londres et on vient aussi de prendre une participation dans la foncière Gecina», explique le PDG.

Le groupe Gecina gère, exploite et développe un parc immobilier de 11 milliards d'euros et est notamment propriétaire de 10 000 appartements à Paris.

«On a pu racheter avec le groupe Blackstone la dette d'une société espagnole qui avait une participation dans Gecina. On a converti cette dette en actions et on contrôle aujourd'hui 23% de Gecina. C'est un excellent placement.»

Aux États-Unis, Ivanhoé Cambridge poursuit la même stratégie de consolidation de masses critiques dans des marchés géographiques circonscrits.

«On mise sur six régions: Seattle, Silicon Valley, Chicago, Washington, Boston et New York. On est propriétaire aujourd'hui de 10% de tous les édifices à bureaux de Seattle», souligne-t-il.

Le groupe montréalais poursuit toujours son développement au Brésil où il est propriétaire de 14 centres commerciaux en partenariat avec la firme Ancar, qui a été rebaptisée Ancar-Ivanhoé.

«On veut toujours développer notre présence dans les pays émergents et là, on cherche le prochain Brésil. On met beaucoup d'efforts à bien saisir le marché du Mexique, ça pourrait être notre prochaine destination», entrevoit Daniel Fournier.