L'ex-trader espagnol de la banque américaine JPMorgan, l'Espagnol Javier Martin-Artajo a refusé vendredi devant un juge à Madrid d'être extradé vers les États-Unis où il est poursuivi pour d'énormes pertes dans l'affaire de la «baleine de Londres», a indiqué une source judiciaire.

«Il a refusé d'être extradé. Il dit qu'il a des racines espagnoles et que les faits se sont produits au Royaume-Uni et non aux États-Unis», a affirmé cette source.

«Il a également demandé au juge qu'il réclame plus d'informations sur ce dossier aux États-Unis», a-t-elle ajouté.

Si le juge, qui devrait se prononcer dans les jours à venir, suit cette demande, les autorités américaines auront 30 jours pour y répondre.

S'il refuse, la demande d'extradition sera directement transmise à la chambre pénale de l'Audience nationale, juridiction compétente dans ce domaine, qui fixera une date pour se prononcer sur une éventuelle extradition, a encore précisé cette source.

Les autorités américaines ont engagé des poursuites pénales le 14 août contre Javier Martin-Artajo, qui dirigeait la stratégie de courtage d'un service d'investissement de JPMorgan à Londres, et le Français Julien Grout, l'un de ses subordonnés, qu'ils ont formellement inculpés le 18 septembre.

Ils sont accusés d'avoir masqué des pertes de 6,2 milliards de dollars dans des dérivés risqués de crédits européens en 2012.

Ils risquent chacun aux États-Unis un maximum de 65 années de prison et 5 millions de dollars d'amende.

Leur ancien collègue Bruno Iksil, surnommé la «baleine de Londres» pour l'ampleur des pertes qu'il a provoquées, a échappé aux poursuites aux États-Unis aux termes d'un accord passé avec les autorités et de son entière coopération.

Javier Martin-Artajo avait lui été arrêté fin août à Madrid, puis placé en liberté conditionnelle sous contrôle judiciaire avec interdiction de sortie du territoire. M. Grout se trouve en France où il ne peut être extradé vers les États-Unis.

Ex-enfant modèle de Wall Street et première banque américaine en termes d'actifs, JPMorgan a dû récemment payer plus d'un milliard de dollars d'amende aux États-Unis pour cette affaire.

Ce scandale, ajouté à d'autres, a fortement terni la réputation de JPMorgan, qui avait jusque-là plutôt mieux résisté que ses concurrentes à la crise financière.

La banque avait reconnu en janvier de «graves erreurs» dans cette affaire, et avait en conséquence réduit de moitié le bonus de son PDG Jamie Dimon qui avait, au départ, évoqué «une tempête dans un verre d'eau».