Le FMI a annoncé lundi avoir versé 84,7 millions d'euros à Chypre après avoir procédé avec les Européens au premier audit des comptes du pays, sous assistance financière internationale depuis mars.

Le feu vert a été donné par le conseil d'administration du Fonds monétaire international, qui représente ses 188 États membres, a indiqué l'institution dans un communiqué.

«Les autorités chypriotes ont fait des progrès louables en prenant des mesures de stabilisation (de l'économie, ndlr) à court terme», a estimé la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, ajoutant toutefois que les risques guettant le pays restaient «substantiels».

Plombée par ses banques et menacée de faillite, Chypre a été renflouée en mars à hauteur de 10 milliards d'euros, dont neuf à la charge de la zone euro, en échange d'une restructuration drastique de son secteur financier.

La troïka des créanciers (FMI, Commission européenne, et Banque centrale européenne) avait alors entamé un audit du pays et relevé, fin juillet, de «bons progrès» dans le respect des mesures réclamées aux autorités.

Au terme de cet examen, la zone euro a, elle, déjà donné vendredi son accord pour le déblocage d'une tranche de 1,5 milliard d'euros.

«Chypre est sur le point d'atteindre ses objectifs budgétaires pour 2013, grâce à d'importantes mesures de consolidation en cours» et «à une prudente exécution budgétaire», a souligné Mme Lagarde, citée dans le communiqué.

Le pays s'enfonce pourtant dans une profonde récession. Entre mai et juin, le produit intérieur chypriote s'est contracté de 5,9 % sur un an, essuyant son huitième trimestre consécutif de recul.

Le sauvetage de Chypre, le quatrième accordé à un pays de la zone euro, avait été au coeur d'une intense controverse.

Le FMI, les Européens et les autorités étaient tombés d'accord sur un premier projet qui prévoyait une mise à contribution de l'ensemble des déposants de l'île. Le veto du parlement chypriote et le tollé que la proposition avait provoqué les avaient contraints à revoir leur copie.

Finalement, seuls les épargnants disposant de fonds supérieurs à 100 000 euros à la Bank of Cyprus et à la Laïki Bank, qui a été mise en faillite, ont dû essuyer des pertes via une ponction de 47,5 %.

Des mesures de contrôle de capitaux avaient alors été prises pour éviter une fuite des investisseurs et restent aujourd'hui en vigueur. Début août, le gouvernement chypriote a dévoilé une feuille de route prévoyant leur levée progressive d'ici un à deux ans.

Mme Lagarde a appelé les autorités à agir avec «prudence» sur cette question afin «de renforcer la confiance» des milieux d'affaires.

«Les autorités doivent appliquer les mesures avec prudence (...) tout en maintenant une souplesse suffisante en cas d'évènements imprévus», a-t-elle ajouté.