À moins d'un mois des législatives allemandes, la chancelière Angela Merkel a accusé ses adversaires sociaux-démocrates d'avoir pris la décision «fondamentalement erronée» d'admettre la Grèce dans la zone euro.

Mme Merkel, qui caracole en tête des sondages notamment parce que les Allemands apprécient sa gestion de la crise de l'euro, a lancé mardi lors d'une réunion électorale devant quelques centaines de personnes à Rensburg (nord) : «la crise a mis plusieurs années à émerger, en raison d'erreurs constitutives à l'euro -- par exemple, la Grèce n'aurait jamais dû être admise dans la zone euro».

Évoquant une décision «fondamentalement erronée», selon les images des télévisions allemandes diffusées mercredi, la chancelière conservatrice a accusé son prédécesseur social-démocrate (SPD) Gerhard Schröder d'avoir consenti en 2001 à ce que la Grèce rejoigne l'euro, affaiblissant ainsi la stabilité de la monnaie unique.

Samedi, elle avait déjà attaqué le SPD sur ce thème, lançant: «ce n'est pas à ceux qui ont admis la Grèce dans la zone euro de nous dire qu'aujourd'hui nous avons des problèmes avec la Grèce».

La crise de la zone et la facture que devraient éventuellement acquitter les contribuables allemands se sont invitées tout récemment dans la campagne pour les élections législatives du 22 septembre, généralement considérée comme ennuyeuse et sans débats.

Mme Merkel est de loin la personnalité politique préférée des Allemands, avec une cote de popularité dépassant d'une trentaine de points celle de son rival SPD Peer Steinbrück, selon des sondages concordants.

Alors que la Grèce ou l'Espagne sont en récession et connaissent, comme la France, un chômage galopant, l'Allemagne, première économie européenne, devrait selon le FMI connaître une croissance de 0.3% cette année, et seulement 6,8% de sa population active est sans emploi.

C'est le ministre des Finances Wolfgang Schäuble qui a lancé dans la campagne électorale le débat sur la Grèce la semaine dernière, en admettant qu'Athènes aurait besoin d'un troisième plan d'aide, alors qu'il n'y voyait jusqu'à présent qu'une possibilité.

Le SPD a immédiatement sauté sur cette déclaration d'un fidèle de la chancelière pour accuser le gouvernement Merkel de tromper les électeurs en reportant à l'après-scrutin l'annonce d'une décision qui pourrait affecter le contribuable allemand.

Peer Steinbrück, qui fut ministre des Finances de Mme Merkel dans la «grande coalition» conservateurs/sociaux-démocrates (2005-2009), a promis de réclamer des explications à sa rivale lors de leur débat télévisé dimanche.

Il a accusé la coalition des conservateurs (CDU/CSU) et libéraux (FDP) d'avoir «distribué des somnifères et caché le fait que la stabilisation de la zone euro aurait un coût».

À contre-courant de l'opinion publique, M. Steinbrück s'est prononcé pour une solidarité plus grande envers les pays du sud de l'Europe, rappelant à quel point l'Allemagne en ruines avait été soutenue par ses voisins pour se relever après la guerre.

Après la petite phrase de M. Schäuble, l'ancien chancelier Schröder, généralement en retrait dans la campagne 2013, avait dénoncé le grand «mensonge» de la chancelière.

Et le président du SPD, Sigmar Gabriel, a pronostiqué : «Cela va faire comme avec le chancelier Helmut Kohl qui avait promis que la réunification allemande ne coûterait rien».

Mme Merkel répète à l'envi que l'Allemagne ne peut briller que dans une zone euro forte, et défend des aides aux pays du sud en échange de leur engagement à une stricte discipline budgétaire.