Après presque deux ans de guérilla avec Guy Aubert, CVTech estime que l'actionnaire dissident nuit à sa croissance. La société menace même de le poursuivre pour qu'il mette fin à sa contestation.

«Nous évaluons nos recours à cet égard», a fait savoir Luc Reny, un des membres du conseil d'administration de l'entreprise qui, hier, a sans doute tenu la plus longue assemblée annuelle de son histoire.

Guy Aubert, deuxième actionnaire en importance de CVTech, n'a pas réussi à rallier le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement dans le combat qu'il mène contre la direction de l'entreprise et son président, André Laramée. Les deux institutions ont voté en faveur des propositions et des stratégies mises de l'avant par la direction de l'entreprise.

Guy Aubert, qui détient 14% des actions de la société spécialisée dans la construction et l'entretien des lignes électriques, était ébranlé à la suite de cette défaite et des menaces de poursuite. Il refuse toutefois de baisser les bras.

«Je vais me défendre», a-t-il assuré au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Un deuxième essai

C'est la deuxième fois qu'une fronde de M. Aubert échoue. L'an dernier, il avait entrepris un putsch pour remplacer le conseil d'administration de CVTech.

Selon André Laramée, président et chef de la direction de CVTech, les agissements de Guy Aubert nuisent au développement de l'entreprise et sont en partie responsables de la stagnation du cours de l'action.

Il affirme que des discussions très avancées en vue d'une acquisition qui aurait ajouté 10 millions par année au bénéfice d'exploitation de CVTech ont pris fin abruptement, lundi, probablement à cause de la publicité négative générée par M. Aubert. «Je vais reprendre le flambeau demain [aujourd'hui] pour essayer de relancer les négociations», a-t-il dit.

Questions sans réponse

Guy Aubert, qui a été membre du conseil d'administration de CVTech jusqu'en janvier 2013, a affirmé publiquement, la semaine dernière, que le conseil a reçu cette année une offre d'achat très alléchante d'une entreprise américaine inscrite à la Bourse de New York et qu'il a failli à son rôle de fiduciaire parce qu'il n'en a pas fait part aux actionnaires.

Le président du C.A., Jacques Joly, a expliqué à l'assemblée que cette entreprise américaine s'était manifestée pour la première fois en 2011, quand M. Aubert était au conseil, et à deux autres reprises en 2013. Si les actionnaires n'en ont rien su, c'est parce qu'il s'agissait d'offres «confidentielles, conditionnelles et non contraignantes» et qu'elles étaient inférieures à la valeur déterminée par un comité indépendant du conseil à la suite de la première offre.

Est-ce qu'un deuxième comité indépendant a été formé pour examiner la deuxième offre et la troisième offre? Est-ce que des offres concurrentes ont été sollicitées? Ces questions posées par Guy Aubert sont restées sans réponse. «Ce sont des informations qui relèvent de la confidentialité du conseil d'administration», s'est-il fait répondre.

Un appui inattendu

L'actionnaire mécontent a reçu un appui inattendu de Guy Le Blanc, gestionnaire de portefeuille, qui s'est levé pour dire que le conseil d'administration de CVTech a manqué de transparence. «Ce qui me trouble, c'est que c'étaient des offres majeures, a-t-il dit. Les actionnaires auraient dû être informés.»

En aucun moment le nom de cet acheteur américain, qui aurait offert jusqu'à 1,95$ par action pour CVTech, n'a été mentionné. Il s'agirait de Quanta Services, une entreprise du Texas qui a encaissé des revenus de 6 milliards US et des profits de 290 millions US en 2012, selon les informations qui circulent.

Avec des revenus de 249 millions et des profits de 10,1 millions en 2012, CVTech ne joue pas dans les mêmes ligues.

Les planètes bien alignées

Le président Laramée a toutefois assuré hier que les planètes sont bien alignées pour l'entreprise. «Nous sommes en excellente situation financière et nous sommes bien placés pour saisir les opportunités», a-t-il dit, promettant d'être plus dynamique sur le front des acquisitions.

L'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, est d'avis que CVTech est bien placée pour agir comme consolidateur dans un marché fragmenté. Il vient de relever sa cible de 1,50$ à 1,70$ pour l'action de CVTech. Hier, le titre a fini la journée à 1,34$, en baisse de 6 cents. Depuis un an, il a varié de 92 cents à 1,50$.