Le géant de l'ingénierie canadien SNC-Lavalin (T.SNC), accusé de versements de pots-de-vin en Algérie, a publié mardi un encart publicitaire dans la presse algérienne pour faire son mea culpa.

Dans une lettre ouverte d'une page publiée par le quotidien francophone El-Watan et signé notamment de son président Robert Card, l'entreprise se déclare «résolue à tourner la page de ce malheureux chapitre de (ses) 102 ans d'histoire».

Elle réaffirme aussi qu'«elle collabore pleinement dans le cadre de toutes les enquêtes dont elle est l'objet» et «encourage ses employés à faire de même».

Son vice-président Charles Schebl avait affirmé la volonté du groupe de «permettre à la vérité d'éclater», dans un entretien paru le 10 avril dans le quotidien algérien Liberté.

Il faisait référence à l'affaire impliquant un agent de SNC-Lavalin, un Algérien ayant fait ses études à Montréal, Farid Bedjaoui. Neveu d'un ancien ministre algérien, celui-ci aurait obtenu pour le groupe un milliard de dollars de contrats avec le groupe pétrolier public algérien Sonatrach.

Dans la lettre ouverte, la direction de SNC-Lavalin se dit «résolue à faire en sorte que les personnes impliquées dans des actes illicites soient traduites en justice et répondent de leurs actes».

«Nous nous réservons le droit d'intenter des poursuites contre les personnes en cause y compris en vue de recouvrer les fonds», y lit-on encore.

La direction du groupe annonce également un renforcement de mesures pour empêcher les pratiques frauduleuses et des changements dans la gestion de son personnel commercial notamment.

Alger a ordonné en février l'ouverture d'une enquête sur une éventuelle affaire de corruption liée à des contrats entre le géant énergétique italien Eni et la Sonatrach, après l'ouverture d'une enquête sur la même affaire par le parquet de Milan.

SNC-Lavalin a connu ces dernières années quelques cas de corruption, concernant des contrats conclus en Libye du temps du régime Kadhafi, mais aussi à Montréal même.

Ces affaires n'ont pas encore d'aboutissement judiciaire, mais ont entraîné la démission puis l'arrestation du numéro un de la société, Pierre Duhaime, et l'arrestation en Suisse de Riadh Ben Aïssa, ancien chef des opérations internationales de construction et prédécesseur de M. Schebl.

C'est l'enquête suisse sur les agissements de Ben Aïssa qui aurait révélé que SNC-Lavalin aurait fait des versements suspects à des compagnies contrôlées par M. Bedjaoui.

En Algérie le groupe pilote une série de projets, dont une usine de GPL, et exploite deux centrales thermiques. En moins de dix ans, indique El-Watan, SNC-Lavalin a obtenu pour quelque six milliards de dollars de contrats algériens.