Après les États-Unis, l'ex-septuple vainqueur du Tour de France Lance Armstrong est maintenant poursuivi au Québec pour avoir menti dans ses deux autobiographies, a appris La Presse Affaires.

Une requête pour autoriser un recours collectif contre Lance Armstrong, suspendu à vie pour dopage, et les maisons d'édition de ses deux autobiographies a été déposée lundi à la Cour supérieure à Montréal. S'estimant victime de «fausse représentation», le plaignant Eric Sabbag, grand amateur de vélo, demande d'être remboursé et d'obtenir des dommages punitifs. Lance Armstrong et ses maisons d'édition font l'objet d'une poursuite similaire aux États-Unis, qui a été déposée le mois dernier après les aveux de dopage du cycliste lors d'une émission animée par Oprah Winfrey.

Les poursuites américaine et québécoise touchent les deux autobiographies de Lance Armstrong : It's Not About The Bike : My Journey Back To Life, publiée en 2000, et Every Second Counts, publiée en 2003. Dans ces deux livres, Lance Armstrong soutenait qu'il ne s'était jamais dopé. En août dernier, l'ex-cycliste américain a été banni à vie des compétitions sportives et s'est fait retirer ses sept titres du Tour de France parce que les autorités américaines ont prouvé qu'il s'était dopé. « Ces livres ont été présentés par M. Armstrong et les maisons d'édition comme des livres de non-fiction (autobiographies). C'est de la publicité mensongère. M. Armstrong savait que c'était faux, tandis que les maisons d'édition savaient ou auraient dû savoir que c'était faux à partir des enquêtes de Sports Illustrated et 60 Minutes en 2011, et elles ont continué de faire la promotion du livre comme une autobiographie», dit l'avocat du plaignant Me Jeff Orenstein de Consumer Law Group, en entrevue à La Presse Affaires.

Le recours québécois vise six maisons d'édition : Penguin Group, G.P. Putnam's Sons, Berkley Publishing Group, Random House, Broadway Books et Crown Publishing.

Mentir dans une autobiographie donne-t-il le droit aux lecteurs de se faire rembourser le prix du livre? Les tribunaux nord-américains n'ont jamais eu à répondre directement à la question. Des recours collectifs avaient été intentés aux États-Unis et au Québec contre l'auteur américain James Frey, qui avait exagéré ou inventé certains passages (ex : la durée de son séjour en prison) de A Million Little Pieces, son autobiographie sur sa dépendance à l'alcool et à la drogue. En 2006, l'auteur et la maison d'édition ont conclu une entente hors cour selon laquelle ils ont remboursé les clients insatisfaits mais n'admettaient aucune responsabilité juridique.

Au Québec, le recours collectif contre Lance Armstrong - qui pourrait s'étendre à tous les lecteurs canadiens de ses autobiographies si la Cour supérieure en décide ainsi - doit d'abord être autorisé par la Cour supérieure avant d'être entendu sur le fond. Une première audience aura lieu le 5 avril.