Dès le 1er janvier prochain, les Canadiens pourront mettre 500$ de plus à l'abri du fisc dans leur compte d'épargne libre d'impôt (CELI). Ottawa a annoncé, hier, que le plafond de la cotisation annuelle du CELI passera à 5500$ à partir de 2013.

Le plafond du CELI était fixé à 5 000$ depuis son lancement en 2009. Dès le début, Ottawa avait promis de relever le plafond du CELI en fonction de l'inflation, par tranche de 500$. Comme l'inflation n'a pas été très forte (entre 0,6% et 2,8%, selon les années), c'est la première fois qu'Ottawa relève la cotisation maximale.

L'année dernière, près de 2,5 millions d'épargnants ont déposé la contribution maximale de 5 000$, selon Ottawa. Cela représente presque le tiers quelque 8,2 millions de Canadiens qui ont ouvert un CELI depuis 2009.

Et cette année, les Canadiens ont l'intention de verser une cotisation moyenne de 3 778$ dans leur CELI, selon un sondage diffusé, hier, par la Banque de Montréal.

Rappelons que le CELI permet à tous les Canadiens de 18 ans et plus de glisser 5 000$ chaque année dans leur compte. L'argent peut être investi dans un large éventail de produits (dépôt à terme, compte à intérêts élevés, fonds communs, actions, obligations, etc.). Les placements fructifient ensuite à l'abri de l'impôt.

Contrairement au REER, les cotisations au CELI ne donnent pas de déduction d'impôt, mais les retraits ne sont pas imposables non plus. En fait, le CELI a d'abord été présenté par Ottawa comme une façon d'encourager les gens à épargner, plutôt qu'à s'endetter, pour financer des projets à court terme, comme l'achat d'un voyage ou d'une voiture.

«Pas besoin d'être riche pour ouvrir un CELI. En fait, les plus récentes statistiques démontrent qu'environ la moitié des CELI sont détenus par des gens qui gagnent moins de 40 000$ par année», a exposé le ministre d'État aux Finances, Ted Menzies, lors d'un point de presse, hier.

Mais le rehaussement du plafond à 5 500$ fera surtout le bonheur des mieux nantis. «C'est évident que c'est une mesure pour les gens plus fortunés», a commenté Nicolas Boivin professeur de fiscalité à l'Université du Québec à Trois-Rivières.

«Ça ne vise pas les étudiants et les jeunes familles, mais plutôt les gens qui sont au sommet de leur carrière et qui gagnent beaucoup d'argent», ajoute-t-il.

Durant la dernière campagne électorale, le premier ministre Stephen Harper a aussi promis de doubler le plafond du CELI à 10 000$ lorsque le Canada aura éliminé son déficit budgétaire, en 2016-2017 selon les dernières prévisions. «C'est toujours notre plan lorsque nous aurons retrouvé l'équilibre», a réitéré le ministre Menzies, hier.

Mais à long terme, certains experts craignent que le CELI ne soit victime de son succès. «C'est une bête qu'on ne voit pas venir», prévient M. Boivin. Pour l'instant, l'argent accumulé dans les CELI est assez limité, puisque les Canadiens ne peuvent pas cotiser plus que 5000$ par an. Mais dans 20 ans, un contribuable pourrait y investir 100 000$, puisque les droits de cotisations inutilisées s'accumulent chaque année.

«C'est énorme! Il y a un coût fiscal à cela, car le gouvernement se prive des impôts sur les revenus de placement», dit M. Boivin. Il ne serait pas étonné que la porte d'entrée du CELI se referme dans le futur.