«Préoccupées» et «déconcertées». Voilà comment se sentent les grandes sociétés de recherche pharmaceutiques face à l'abolition de la «règle des 15 ans», annoncée mardi dans le budget Marceau.

«Les compagnies de recherches pharmaceutiques du Canada (Rx&D) souhaitent maintenir un dialogue ouvert avec le gouvernement du Québec afin de mieux comprendre sa direction en matière pharmaceutique», a déclaré hier l'association qui représente les plus grands acteurs de l'industrie pharmaceutique au pays.

«Nous voulons participer activement au développement d'une stratégie de transition qui permettrait au Québec de maintenir sa différenciation avec le reste du Canada et à l'international, afin de continuer d'attirer des investissements en recherche», a affirmé Rx&D dans un communiqué de presse publié en fin de journée. L'association a refusé d'accorder une entrevue à La Presse sur le sujet.

La «règle des 15 ans» a été mise en place en 1994 afin d'encourager les sociétés pharmaceutiques à investir ici. Elle autorise le remboursement complet des médicaments brevetés au Québec par le régime d'assurance médicament provincial durant 15 ans même si des versions génériques moins chères sont disponibles sur le marché. Or, l'industrie a sabré plus de 1400 postes dans les centres de recherche de la grande région de Montréal au cours des dernières années.

L'an dernier, la règle des 15 ans a coûté 173 millions de dollars au gouvernement du Québec.

Une soixantaine de médicaments seront touchés par l'abolition de la règle de 15 ans, a précisé Marc Lortie, porte-parole à la Régie de l'assurance maladie du Québec. Impossible pour l'instant de savoir le nom des médicaments. Le ministre donnera son approbation finale des médicaments visés en décembre. C'est à ce moment que la liste sera rendue publique, a affirmé M. Lortie.

Crédit d'impôt

Le premier budget du gouvernement Marois fait aussi passer le crédit d'impôt remboursable sur les salaires des employés en recherche et développement de 17,5% à 27,5% pour les entreprises qui ont plus de 75 millions en actifs, une bonne nouvelle pour les grandes sociétés pharmaceutiques.

«Rx&D constatent les efforts du gouvernement du Québec pour soutenir le secteur pharmaceutique dans son budget déposé le 20 novembre 2012. Cependant, elles sont fortement préoccupées et déconcertées par la façon dont le gouvernement planifie mettre en oeuvre les changements proposés, et les conséquences involontaires qui pourraient suivre», a toutefois indiqué Rx&D.

Dans son budget, le ministère des Finances a aussi annoncé la création d'un nouveau fonds de 125 millions visant à développer des partenariats publics-privés entre les entreprises pharmaceutiques et les centres de recherche québécois.

Le directeur général du réseau québécois des bio-industries et des sciences de la vie, Mario Lebrun, s'est réjoui hier de cette annonce. «Le signal est lancé qu'il y a une place pour les partenariats», a affirmé celui qui représente 50 PME en santé humaine au Québec.

«Pour nous, c'est très positif, à condition que les fonds soient consentis dans des créneaux bien identifiés, a-t-il poursuivi. Nous, on a toujours dit que ce genre de partenariats doit être enligné sur les priorités de secteurs thérapeutiques du ministère de la Santé et des services sociaux. Ça ne donne rien de faire un projet de partenariat sur un secteur thérapeutique où le Québec n'a pas déjà excellent.»