Le premier budget montre une volonté claire du ministre des Finances, Nicolas Marceau: que le Québec transforme davantage de métaux et minéraux qui sortent de son sol. Mais il faudra que les mesures d'incitation annoncées s'accompagnent d'une stratégie encore plus ciblée, estime Michel Jébrak, professeur de géologie à l'UQAM.

M. Marceau a notamment annoncé mardi l'instauration d'un congé fiscal de 10 ans pour les grands projets manufacturiers de plus de 300 millions, incluant la transformation minérale.

S'il est peut-être trop tard pour prendre davantage d'espace dans la transformation du fer, dont le principal marché n'est plus en Amérique du Nord, le Québec devrait viser de nouvelles niches comme celles du lithium et des terres rares, selon M. Jébrak. Des projets miniers sont en développement et pourraient être à la source de filières, depuis l'extraction jusqu'au produit fini (batteries ou aimants). «C'est là où il faut que le Québec annonce une stratégie», affirme M. Jébrak, qui précise que le congé fiscal est une «très bonne mesure».

Son collègue Jean-Denis Garon, économiste et professeur à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, salue aussi cette mesure qu'il juge appropriée pour attirer des investisseurs «extrêmement sensibles au niveau de taxation», comme c'est le cas dans le secteur minier et de la première transformation.

Pour la PDG l'Association minière du Québec, Josée Méthot, «ce congé fiscal sera certainement bienvenu», d'autant plus qu'il s'agit d'une mesure incitative - et non coercitive ou contraignante, au grand dam de plusieurs groupes plus critiques.

Mme Méthot rappelle qu'il faut une masse critique de production pour mettre en place des fonderies ou affineries au Québec. «Dans plusieurs métaux, la production du Québec ne justifie pas ce genre d'installation». Elle donne l'exemple du nickel, transformé ailleurs qu'au Québec dans des usines alimentées par plusieurs mines.