À 71 ans, Laurent Verreault, ne profite toujours pas des paisibles avantages d'une retraite bien méritée. Il préfère encore savourer les succès du Groupe Laperrière et Verreault (GL&V) qu'il a cofondé en 1975 et où il occupe maintenant les fonctions de président directeur du conseil, un rôle qui l'amène à représenter l'entreprise partout dans le monde. «Je prends seulement les plus beaux mandats et je laisse les problèmes aux autres», plaisante-t-il.

Laurent Verreault a connu un parcours pour le moins singulier. Ce fils d'ouvrier de la Canadian International Paper (CIP), à La Tuque, a commencé dans la vie active comme technicien en instrumentation électronique de vol pour la Canadian Royal Air Force, au Nouveau-Brunswick.

En 1963, son père le convainc de postuler au département d'instrumentation de la CIP à La Tuque. Il obtient le poste et amorce alors une longue et prolifique carrière dans l'univers des pâtes et papiers qui l'amènera à fonder GL&V en 1975.

Le groupe est aujourd'hui l'un des principaux fournisseurs mondiaux de solutions technologiques pour le traitement de l'eau et des eaux usées et pour la production de pâtes et papiers. L'entreprise emploie 2100 personnes et exploite une trentaine d'usines en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Europe, en Asie, en Australie et en Russie.

La vie de Laurent Verreault a été tellement remplie qu'il a décidé d'y consacrer un livre qui vient d'être publié et qui est coiffé du titre Voulez-vous danser?. Un titre qui résume tout à fait l'humour de ce conteur infatigable au langage imagé.

Bon danseur Laurent Verreault? On ne le sait pas. Mais il est certainement un «bon parleur et un gros faiseur» comme en témoignent les quelque 40 acquisitions qu'il a réalisées depuis la fondation de GL&V.

«L'an dernier, pour mon 70e anniversaire, on m'a proposé d'écrire un livre sur moi. J'ai plutôt décider de raconter mon histoire, mais surtout l'histoire des gens qui ont bâti GL&V avec moi», précise Laurent Verreault.

Une transaction majeure

GL&V était au départ une entreprise qui développait et fabriquait de la machinerie pour l'industrie des pâtes et papiers. Avec les années, le groupe s'est diversifié dans les solutions technologiques pour l'industrie minière et gazière ainsi que dans le traitement des eaux.

En 2007, GL&V s'alignait pour réaliser un chiffre d'affaires de 1 milliard de dollars lorsque le groupe a décidé de se départir de ses activités liées au secteur des mines, métaux et produits pétroliers, dans le cadre d'une opération qui a été extrêmement profitable à tous les actionnaires de l'entreprise.

Trente ans après avoir fondé son entreprise, Laurent Verreault a réussi à monétiser le travail d'une vie tout en laissant bien vivante son entreprise maintenant présidée par son fils Richard.

«En 2006, Richard et Marc Barbeau (vice-président directeur) sont venus me voir. Ils estimaient qu'on était trop éparpillé et qu'il serait opportun de vendre nos activités dans le secteur des mines qui représentait 50% de nos revenus.

«Je leur ai dit d'attendre un peu parce que je voulais réaliser l'acquisition de Krebs, un important acteur américain du secteur et que cet achat allait nous rendre plus attrayants encore. C'est ce qui s'est produit,» relate Laurent Verreault.

«En janvier 2007, je me suis rendu au Danemark chez FLSmidth qui s'intéressait aussi à Krebs. Ils sont revenus en mars et on a réglé la transaction avec une poignée de main, mais ça a pris six mois avant de clôturer le tout.

«FLSmidth a payé 33$ pour chacune de nos actions qui en valaient 29$, mais ils nous ont laissé toutes nos activités dans le traitement des eaux et les pâtes et papiers qu'on a roulées dans une nouvelle GL&V», résume Laurent Verreault, encore très fier de cette transaction.

La fin d'un cycle

L'entrepreneur a encaissé 50 millions dans cette transaction, la Caisse de dépôt a aussi fait un coup d'argent comme tous les actionnaires du Groupe qui se sont retrouvés avec une nouvelle entreprise qui réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 650 millions.

«Les procédés industriels pour les mines et métaux étaient rendus en fin de cycle, selon nous. La Chine terminait la construction de ses infrastructures en vue des Jeux olympiques de 2008 et on voyait que l'activité allait être réduite par la suite.

«Jamais je n'aurais vendu GL&V. Je prévoyais céder mes actions à Richard et obtenir une rente. Mais il s'est présenté cette occasion qu'on ne pouvait pas refuser. C'est ça, être entrepreneur. Il faut avoir une idée, la développer avec passion et savoir être opportuniste, chanceux, mais aussi réaliste», expose l'homme d'affaires.

Laurent Verreault consacre l'équivalent de quatre mois par année à son travail de président directeur du conseil. Il réalise entre cinq et sept voyages par année en Europe, en Asie et en Russie pour représenter le groupe dans ses différentes unités de production.

«Je pars bientôt en Australie où on a plusieurs centres d'exploitation. Je vais en profiter pour arrêter à Singapour, en Inde puis au Koweït pour y rencontrer des clients», explique Laurent Verreault, toujours prêt pour inviter une dame à danser.