Alors que le Québec se passionne pour les travaux de la commission Charbonneau, le Canada a reçu une demande de la Commission anticorruption du Bangladesh, qui souhaite venir au pays afin d'enquêter sur d'anciens dirigeants du géant québécois SNC-Lavalin (T.SNC), selon le principal quotidien de Dacca.

Dans un article daté d'hier, le Daily Star du Bangladesh cite plusieurs sources proches du dossier du superprojet de pont de Padma, un immense projet de construction local.

En juin dernier, la Banque mondiale a publié un communiqué dans lequel elle disait avoir en main «une preuve crédible, corroborée par diverses sources, de l'existence d'un complot de corruption impliquant des fonctionnaires de haut niveau du gouvernement du Bangladesh, des cadres de SNC-Lavalin ainsi que des particuliers en rapport avec le projet du pont multifonctionnel de Padma».

Le même mois, deux anciens dirigeants ontariens de SNC-Lavalin ont été arrêtés par la GRC et accusés de corruption d'agents publics étrangers en lien avec cette affaire. Il s'agit de Ramesh Shah, 61 ans, d'Oakville, et Mohammed Ismail, 48 ans, de Mississauga.

La Banque mondiale avait par ailleurs remis en question un prêt de 1,2 milliard pour le projet en raison du complot allégué.

La Commission anticorruption du Bangladesh s'est saisie du dossier. Un responsable cité anonymement par le Daily Star hier affirmait que l'organisme a demandé au Canada d'accueillir ses enquêteurs et qu'elle ne peut plus progresser dans ses travaux sans cette autorisation.

Invité à commenter par le journal, le président de la Commission, Ghulam Rahman, a déclaré: «Nous avons envoyé une requête au Canada pour permettre l'entrée d'une équipe [de la Commission] et nous attendons leur réponse.»

Une autre source au sein de l'organisme anticorruption affirme qu'une demande d'assistance a été envoyée le 19 septembre au Canada, réclamant la permission d'interroger Ramesh Shah et Mohammed Ismail. Les enquêteurs du Bangladesh souhaiteraient aussi obtenir copie de documents saisis par la GRC dans cette affaire.

Le ministère de la Justice du Canada s'est refusé à tout commentaire lorsque La Presse, l'a joint. «Les demandes d'entraide judiciaire, comme tous les échanges d'informations entre les États, sont confidentielles. Nous ne sommes donc pas en mesure de confirmer, ou de nier, l'existence d'une demande d'entraide judiciaire dans cette affaire ou toute autre», a déclaré Carole Saindon, porte-parole du Ministère.