Elle doit culminer à 1776 pieds dans le ciel de New York, symbolisant la résistance des États-Unis au terrorisme. Mais l'antenne du nouveau World Trade Center croupit pour l'instant dans un entrepôt du Québec, retenue par l'entreprise Groupe ADF dans un litige commercial peu banal.

«L'antenne est dans ma cour. Elle est à Terrebonne», confirme Jean Paschini, président du conseil et chef de la direction du concepteur de charpentes Groupe ADF, qui a fabriqué la pièce de 140 m.

M. Paschini admet retenir l'antenne en raison d'une querelle avec WTC Tower 1 LLC, responsable du chantier de la plus haute tour du nouveau World Trade Center, baptisée One World Trade Center(ou One WTC).

WTC Tower 1 ne la trouve pas drôle et a déposé une poursuite contre Groupe ADF devant la Cour suprême de New York, en l'accusant d'exiger une «rançon» en échange de la livraison. Selon la poursuite, Groupe ADF demande le paiement de 6 millions US relatif à un autre contrat avant de livrer l'antenne.

Le plaignant souligne «le caractère iconique» de la tour pour affirmer que «les dommages pécuniaires ne peuvent compenser adéquatement le tort que cause chaque jour qui passe ADF en refusant de livrer l'antenne».

L'antenne en question doit permettre à la tour principale du World Trade Center d'atteindre 1776 pieds, un clin d'oeil à l'année où les États-Unis ont déclaré leur indépendance. Elle en ferait la plus haute tour de l'hémisphère nord. La structure d'acier de la tour est actuellement terminée, seule l'antenne manque au rendez-vous.

«Il y a toujours deux côtés à une médaille, et ces allégations sont incorrectes», réplique Jean Paschini, de Groupe ADF.

L'homme invoque des «problèmes de paiements» et des «changements contractuels» pour justifier son refus de livrer l'antenne.

«Nous sommes en train de préparer notre défense et je ne peux en dire plus actuellement», dit M. Paschini, qui a envoyé des représentants à New York pour tenter de régler le litige.

En plus de l'antenne, Groupe ADF a fourni les structures d'acier de la tour elle-même et de la station de transport qui sera située sous le nouveau World Trace Center. Selon M. Paschini, les trois contrats totalisent plus de 100 millions de dollars, dont 15 millions pour l'antenne.

Les choses ont commencé à mal tourner il y a un an et demi entre les deux parties, ce qui provoqué une pluie de poursuites. En octobre 2011, ADF avait notamment déposé une poursuite pour «rupture de contrat» et «balances non payées» contre ses fournisseurs d'ouvrage.

Conscientes de leurs relations tendues, les deux parties avaient signé une «entente de l'antenne», qui stipulait notamment qu'ADF ne pouvait retenir l'antenne en guise de représailles.

«Il y a aussi deux côtés à cette entente. S'ils avaient respecté le leur, on n'en serait pas là aujourd'hui», dit M. Paschini.

L'homme dit ne pas craindre pour la réputation de son entreprise malgré le caractère symbolique de cette dispute commerciale. L'action d'ADF a gagné 2 cents hier pour clôturer à 1,24$ à la Bourse de Toronto.