Une curieuse poursuite de 100 millions de dollars vient d'être déposée contre SNC-Lavalin au palais de justice de Montréal.

Trois hommes d'affaires de l'Arabie saoudite prétendent que SNC leur doit cette somme depuis qu'elle a fait l'acquisition de la firme de génie-conseil saoudienne Zuhair Fayez Partnership (ZFP), en juillet dernier.

La requête devant la Cour supérieure du Québec est difficile à comprendre et comporte certaines erreurs. Entre autres, les poursuivants soutiennent que SNC leur doit 20% de 265 millions de dollars, soit 100 millions. Or, 20% de 265 millions équivalent à 53 millions!

Quoi qu'il en soit, les trois hommes d'affaires qui lancent la poursuite s'appellent Yahya Khader, Ibrahim Khader et George Daher. Ils disent avoir été embauchés par ZFP en 2000 pour promouvoir la division industrielle de l'entreprise. Pour ce faire, les trois hommes disent avoir formé l'entreprise Industrial Management Group (IMG), mais il n'est pas clair s'ils en sont les actionnaires, les bénéficiaires ou les administrateurs.

Depuis 2004, soutient la requête, ZFP leur a maintes fois confirmé que leur entreprise IMG aurait droit à 20% des profits de la division industrielle. Des ententes écrites y feraient référence. De plus, ils devaient même agir à titre de principaux dirigeants de l'organisation après qu'elle eut fusionné avec une entreprise externe.

SNC-Lavalin aurait aussi été clairement avisée de cette participation d'IMG dans l'entreprise, à plusieurs reprises, notamment lors de rencontres officielles pour la vente de ZFP avec de hauts dirigeants de SNC-Lavalin. L'une d'elles aurait eu lieu à Londres, au Royaume-Uni, en août 2009. Selon la requête, le vice-président principal, Jean Beaudoin, était présent, de même que le président de SNC-Lavalin Arabie, Abdulhadi Al-Ajmi.

Un versement non éthique?

Toujours selon la poursuite, SNC-Lavalin a «complètement changé d'attitude» à l'égard des trois hommes d'affaires après que ces derniers eurent dénoncé une «commission non éthique» de 1 million de dollars, en janvier 2011.

Selon la requête, ces frais ont été indûment insérés dans un contrat entre SNC et une société d'État. Les trois hommes d'affaires soutiennent que cette commission d'agence de 5% versée à un individu pour aider SNC à obtenir le contrat «ne représente aucun service ou travail substantiel [...] et rend la transaction très douteuse».

Bref, après des mois de pourparlers avec ZFP, SNC-Lavalin annonce officiellement une transaction en juillet 2012. Une coentreprise formée de SNC-Lavalin et de partenaires locaux acquiert ZFP pour une somme indéterminée.

Les trois hommes d'affaires requérants soutiennent qu'ils ont droit à 20% de la valeur de ZFP, qui serait de 265 millions de dollars US, selon une évaluation indépendante. La somme réclamée dans la requête «est de 100,000,000.00 millions».

Dans son communiqué de juillet, SNC a dit être présente en Arabie saoudite en partie pour les projets de la société d'État Saudi Aramco. Ces projets visent à améliorer les capacités en ingénierie du pays.

«Ils engloberont à la fois des installations de production et de traitement de pétrole et de gaz à terre et en mer, des infrastructures, ainsi que des raffineries et des usines pétrochimiques», a alors écrit SNC-Lavalin.

En fin de journée hier, SNC-Lavalin a dit ne pas avoir reçu la poursuite. Pour y voir plus clair, nous avons tenté de joindre l'avocat des trois hommes d'affaires, Joseph Daoura, du cabinet Ferland Marois Lanctôt, mais il n'a pas rappelé La Presse.

- Avec Vincent Larouche