La République fédérale d'Allemagne (RFA) s'oppose bec et ongles à la création de titres d'emprunts qui permettraient aux pays européens en difficulté à financer leur dette à moindre coût, mais qui augmenteraient les siens, les plus faibles de la zone euro.

Elle se montre néanmoins un peu plus disposée à s'engager dans une forme de consolidation des finances des États qui partagent la monnaie unique et dans la recapitalisation de leurs banques.

Voyons les diverses options présentement envisagées et ce qu'elles supposent comme effort accru de la part des Allemands.

Les euro-obligations

Remises sur la table la semaine dernière par le président français François Hollande, elles auraient pour effet de mutualiser la dette autorisée des 17 pays de la zone euro. Cette dette équivaut à 60% de la taille de l'économie (PIB) des pays membres ou à un maximum de 5900 milliards, selon les chiffres de 2011.

Si les Européens s'entendaient sur la création d'un tel marché, les coûts d'emprunts de l'Espagne, par exemple, diminueraient alors que ceux de l'Allemagne augmenteraient. Elle est cependant contraire au traité de Maastricht et à la loi constitutive de la RFA.

En outre, les conditions d'emprunt de la RFA sont tellement avantageuses (elle a émis la semaine dernière des obligations de deux ans sans coupon) que ses 16 lands (provinces) font pression pour mutualiser leurs propres emprunts sous le chapeau fédéral de manière à en profiter eux aussi.

Le Fonds de rédemption européen (FRE)

Dans le but de trouver une sortie de crise, le Conseil allemand des experts économiques a fait une proposition, en novembre, qui fait son chemin petit à petit depuis.

Au lieu de mutualiser la dette autorisée des États membres, le Conseil propose de regrouper celle qui excède la limite autorisée. Par exemple, comme la dette de l'Italie équivaut à 122% de son PIB, Rome pourrait emprunter jusqu'à 62% par l'entremise du FRE. Si toute la dette excédentaire de la zone euro était financée ainsi, la taille du FRE atteindrait 2378 milliards dans cinq ans, selon les calculs de Michala Marcussen, économiste en chef chez Société générale.

Plusieurs conditions seraient assorties à un recours au FRE, dont une taxe dédiée des emprunteurs, un amortissement maximal de 25 ans et le dépôt en nantissement de réserves en devises ou en or équivalent à 20% de la valeur d'emprunt.

«Il y a un manque d'équité dans sa conception, note l'économiste. En y transférant une dette représentant 62% de son PIB, l'Italie pourrait assurer l'équivalent de cinq ans de ses besoins d'emprunt. L'Espagne pourrait y transférer seulement 21%, soit l'équivalent de ses besoins d'emprunt pendant deux ans.»

Le FRE sera discuté au Parlement de la RFA le 13 juin et la rumeur rapporte que la chancelière Angela Merkel est désormais ouverte à cette idée.

«Le FRE ne permet pas de résoudre les difficultés des banques européennes et leurs obligations à lever plus de capitaux», font aussi observer Derek Holt et Dov Zigler de Scotia Capitaux dans une analyse parue vendredi.

Le Mécanisme européen de stabilité (MES)

Le MES va remplacer de manière permanente le Fonds européen de stabilité financière mis sur pied en catastrophe pour prêter secours aux premières victimes de la crise de la dette publique. Le MES est dotée d'une cagnotte de 500 milliards dont le quart est financé par des emprunts des pays membres au prorata de leurs poids, ce qui fait de l'Allemagne son premier bailleur. Le MES peut prêter aux États membres, mais pas à leurs banques. Plusieurs pays souhaitent de lui donner une charte bancaire pour qu'elle puisse prêter directement aux institutions fragilisées, les espagnoles par exemple. Cela suppose cependant de gonfler sa taille et l'engagement de l'Allemagne.

Grossir la Banque européenne d'investissement (BEI)

Créée par le Traité de Rome en 1957 et établie au Luxembourg, la BEI finance à des taux avantageux des projets d'infrastructures. Son portefeuille dépasse celui de la Banque mondiale. Elle pourrait servir à relancer la croissance, à condition de grossir son capital. Elle est présidée par l'Allemand Werner Hoyer.