La firme d'ingénierie québécoise Dessau et son ex-représentante auprès du gouvernement du président Leonel Fernandez, en République dominicaine, sont à couteaux tirés.

Rosa Maria Garcia soutient que la société ne lui a pas versé son dû pour des mandats de «représentation et de démarchage» de deux projets d'infrastructure et réclame plus de 1 million US à l'entreprise dans une poursuite déposée à Montréal la semaine dernière.

Mme Garcia soutient avoir conclu une entente avec la firme, le 14 avril 2008, et reproduit dans sa requête une lettre de Dessau la désignant «comme représentante de Dessau International inc. auprès du gouvernement Fernandez et des autres instances de la République dominicaine».

Elle ajoute dans sa requête que la convention de services signée quelques jours plus tard lui donne notamment pour tâche « de promouvoir les intérêts commerciaux de Dessau International en République dominicaine en vue de développer des affaires et obtenir des contrats relativement à des projets d'ingénierie-construction dans les infrastructures «.

La Dominicaine affirme avoir obtenu plusieurs contrats «d'importance» pour Dessau jusqu'à ce que la société l'avise qu'elle mettait fin à leur entente, en novembre 2010.

Selon Mme Garcia, Dessau lui doit encore un solde de 250 000$US pour le travail effectué dans le cadre d'un contrat avec la Corporacion Dominicana de Empresas Electricas Estatales (CDEEE) et 800 000$US pour le projet Guajimia.

Pas de commentaire de Dessau

En mars 2009, le président du conseil de Dessau International, Jean-Denis Bélisle, évaluait le contrat Guajimia I à 100 millions et le Guajimia II à de 125 à 150 millions au cours d'un témoignage devant le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international, à Ottawa. Dans une présentation au congrès annuel de l'Association québécoise pour l'évaluation d'impact (AQEI), en novembre 2007, Frédéric Faustin, de Dessau, avançait le chiffre de 75 millions pour Guajimia I. Dessau n'a pas voulu faire de commentaire sur la poursuite de Mme Garcia et n'a pas donné suite à notre demande de renseignements au sujet des projets Guajimia.

Selon une vidéo d'entreprise disponible sur l'internet, la phase I du projet Guajimia visait l'assainissement de canaux à ciel ouvert drainant les eaux pluviales et servant d'égouts et de terrain d'enfouissement à une population d'environ 300 000 personnes vivant dans un bidonville de la partie ouest de la capitale, Saint-Domingue.

Dessau y a construit 56 kilomètres de conduites souterraines, une usine de traitement des eaux usées et plus de 900 logements sociaux où autant de familles ont été déménagées.

D'après la présentation de M. Faustin à l'AQEI, le projet Guajimia II entendait assainir le reste du bassin du canal Guajimia, consolider les travaux réalisés pour Guajimia I, réduire la pollution de la rivière Haina et ériger d'autres logements sociaux.

Rosa Maria Garcia a participé à l'inauguration de la première phase du complexe d'habitations de Guajimia II par le président Fernandez, en décembre 2008, ont rapporté les médiaux locaux, qui l'ont identifiée comme vice-présidente, relations commerciales, de Dessau.

Dans sa requête, Mme Garcia affirme que Dessau a maintes fois promis de régler ses honoraires depuis la fin de leur association, mais qu'elle attend toujours.

Elle aurait même eu un échange de correspondance à ce sujet avec le PDG de Dessau, Jean-Pierre Sauriol. La Dominicaine rapporte dans sa poursuite des propos que M. Sauriol aurait tenus dans une lettre du 11 août 2010. «Dessau International inc. désire, tout comme vous, en arriver à un accord équitable [...]. Je crois donc qu'il n'est pas souhaitable que de tierces parties, moins au fait des détails, ne s'immiscent dans ce processus de négociation.»

Le projet Guajimia a valu à Dessau le premier prix, dans la catégorie International, de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec, en mars dernier.