La baisse inusitée des importations américaines a fait fondre l'excédent canadien du commerce international de marchandises.

En février, le surplus commercial s'est élevé à seulement 292 millions de dollars, a indiqué hier Statistique Canada qui a aussi réduit de 150 millions le solde positif de janvier qui s'élève désormais à 1,95 milliard.

Bien qu'il s'agisse du quatrième excédent mensuel d'affilée, celui de février marque la seconde diminution consécutive.

Les expéditions de produits énergétiques ont chuté de 6,9%, mettant fin à une série de trois hausses mensuelles. Celles des produits de l'automobile ont plongé de 11,9%, en dépit d'excellentes ventes des concessionnaires américains. C'était un premier recul après six hausses mensuelles d'affilée. «Les forts replis dans ces deux secteurs ne perdureront sans doute pas, prédit Douglas Porter, économiste en chef désigné chez BMO Marchés des capitaux. Ce sont des secteurs qui nous inquiètent peu à ce stade-ci du cycle économique.»

Ces deux catégories sont essentiellement destinées au marché américain et expliquent à elles seules la baisse de 3,8% de nos livraisons vers les États-Unis.

Hausse en Europe

Curieusement, nos expéditions vers l'Union européenne ont augmenté de 2,7% au cours du mois, malgré la morosité économique qui y sévit. La valeur des exportations de produits forestiers, celle de biens industriels et de machines et équipement était plus élevée que celle de janvier.

L'excédent commercial avec notre grand voisin a fondu de 1,24 milliard pour s'établir à 4,8 milliards. «Si, comme nous le prévoyons, la demande intérieure américaine reste ferme, les exportateurs canadiens peuvent s'attendre à un rebondissement», assure Krishen Rangasamy, économiste à la Banque Nationale.

Aux États-Unis, le déficit commercial est passé de 52,5 à 46,0 milliards US, selon les données du département du Commerce. La valeur des exportations a fait du surplace. C'est au recul de 2,7% des importations qu'il faut attribuer cette amélioration qui se fait au détriment des exportateurs canadiens et chinois. «Ce n'est pas la bonne manière d'améliorer le solde commercial», souligne Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC.

Cela reflète un affaiblissement de la demande intérieure et illustre bien que la croissance américaine reste molle. «Il s'agit d'un dur rappel que plusieurs embûches entravent encore la reprise économique au sud de la frontière et que le Canada demeure à la merci des perspectives économiques mondiales», note Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

En deçà des prévisions

La faiblesse du surplus canadien a étonné les prévisionnistes qui avaient tablé en moyenne sur un excédent semblable à celui de janvier. Elle s'explique cependant par des circonstances particulières davantage que par un renversement de tendances. Ainsi, les importations canadiennes de produits énergétiques ont bondi de 18%, mues par des achats de diluants pour oléoducs et de kérosène. À hauteur de 5,05 milliards, la valeur des importations de produits énergétiques est la plus élevée depuis octobre 2008 et explique à elle seule la légère augmentation de 0,2% de la valeur des biens importés au cours du mois.

Lorsqu'on exprime les échanges commerciaux en volumes, on constate un repli de 3,5% des exportations et de 0,9% des importations. Cela signifie que le solde des exportations nettes s'est détérioré en février, même s'il demeure encore meilleur que le solde moyen de l'automne.

Le résultat décevant du commerce extérieur risque d'avoir entraîné aussi un recul des ventes des manufacturiers. On connaîtra les chiffres la semaine prochaine.