Le cadre congédié de GE Capital, Carlo Fargnoli, avait parmi ses clients un groupe appelé DP/Dandi. Or, le jugement fait état de plusieurs faits accablants concernant cette entreprise.

DP/Dandi était détenue par Piero Di Iorio, sa femme, Danielle Poitras et ses filles. Mme Poitras avait été condamnée pour fraude, en 2007, en lien avec une entreprise de son mari. Di Iorio, accusé d'agression armée dans cette affaire, été acquitté parce que le plaignant n'a pas voulu témoigner, écrit la Commission des relations du travail (CRT).

Le séquestre Pierre Martin, nommé par GE pour contrôler les affaires de DP/Dandi, a témoigné devant la CRT qu'il avait constaté que, malgré l'insolvabilité de l'organisation, une série de chèques de plusieurs centaines de milliers de dollars avaient été faits à des membres de la famille Di Iorio.

De plus, il a découvert «des paiements préférentiels à des pourvoyeurs de fonds, Ressorts universels et RG Express Finance, dont les administrateurs possèdent des dossiers criminels». Ces paiements sont anormaux dans un contexte d'insolvabilité, a-t-il expliqué à la CRT.

Plus tard, la femme de Di Iorio, Danielle Poitras, a aussi avoué à Pierre Martin qu'elle falsifiait ses rapports de taxation aux gouvernements.

Casino et crime organisé

M. Martin a par ailleurs découvert que la famille Di Iorio était active dans la location à court terme d'autos de luxe. «Pourtant, les formations dispensées chez GE mettent les employés en garde contre ce genre de commerce, qui sert souvent au blanchiment d'argent», a fait valoir un employé de GE au tribunal.

De plus, écrit la juge, «M. Martin réalise qu'un certain nombre d'autos sont louées à des personnes associées au crime organisé [...] et que certaines d'entre elles sont exposées au Casino de Kahnawake à raison de 75 000$ par mois alors que les factures ne sont jamais payées».

Carlo Fargnoli avait été avisé de ces éléments, mais il était d'avis qu'il fallait donner une chance à l'organisation: la poursuite des activités du groupe DP/Dandi pouvait permettre à GE de récupérer davantage que la faillite, croyait-il.