Un récent jugement donne des détails troublants sur les pratiques d'un cadre de GE Capital à Montréal dans les dernières années. Il y est question de l'utilisation de prête-noms, de clients proches du crime organisé et de risques de blanchiment d'argent.

L'affaire a éclaté en 2009 avec la suspension de Carlo Fargnoli, vice-président responsable des restructurations d'entreprise pour l'institution financière. Le gestionnaire-vedette a contesté son congédiement devant la Commission des relations du travail (CRT), mais il a perdu sa cause le mois dernier.

Essentiellement, GE Capital a mis son vice-président à la porte parce qu'il avait «violé les politiques de l'entreprise concernant la connaissance des clients et le blanchiment d'argent».

Dans son analyse, la juge Andrée St-Georges n'affirme pas que M. Fargnoli a participé à des activités illégales. Elle conclut toutefois qu'il est «coupable d'avoir failli aux règles fondamentales de l'entreprise [qui veulent que] GE ne transige pas avec des personnes aux activités suspectes ou criminelles, mais aussi et surtout qu'en cas de doute, comme en l'espèce, un drapeau rouge soit immédiatement levé auprès d'un patron, d'un responsable en conformité, d'un spécialiste en blanchiment d'argent ou d'un juriste de l'entreprise, ce qui n'a manifestement pas été le cas».

L'affaire a secoué GE Capital, d'autant plus que Carlo Fargnoli était un ami personnel du PDG canadien de la firme, Patrick Palerme. Plusieurs cadres ont quitté l'organisation depuis 2010, dont M. Palerme.

Après avoir été suspendu en septembre 2009, Carlo Fargnoli a été congédié en janvier 2010. M. Fargnoli a jusqu'au 16 avril pour contester la décision de la CRT devant la Cour supérieure. «La décision est à l'étude», a indiqué son avocat, Me Jacques Jeansonne.

Le dossier n'est pas clos pour autant. Carlo Fargnoli a intenté en 2009 une poursuite de 4,7 millions de dollars pour diffamation contre GE Capital. De son côté, GE réclame 1,6 million à M. Fargnoli et au jeune étudiant qui a servi de prête-nom pour les commissions non documentées dans six dossiers de restructuration. La cause est pendante.

Un jeune étudiant comme prête-nom

L'ex-cadre de GE Capital Carlo Fargnoli a eu recours à des prête-noms pour refinancer des entreprises. Cet élément a été pris en compte par la juge pour entériner son congédiement.

L'utilisation de prête-noms n'est pas illégale, mais M.  Fargnoli y a eu recours sans contrat écrit et sans en aviser clairement ses patrons, ce qui contrevient aux règles de l'organisation, constate la juge Andrée St-Georges.

Le principal prête-nom, une firme détenue par un jeune étudiant, a touché 1,6 million pour ses services entre 2007 et 2009. L'étudiant a par la suite retiré cette somme en argent liquide par tranches de 20 000$ à 60 000$. Les honoraires versés à l'étudiant n'étaient pas documentés chez GE Capital.