L'Italie a vu mercredi ses taux d'emprunt bondir après plusieurs mois de repli lors d'une émission de dette à court terme très attendue, alors que la zone euro connaît un regain de tensions notamment en raison des inquiétudes pour l'Espagne.

Le Trésor italien a émis 8 milliards d'euros d'obligations à un an dont les taux se sont inscrits à 2,84% contre 1,405% lors de la dernière opération similaire, le 13 mars.

Il a émis en outre 3 milliards de titres à trois mois dont les taux ont eux aussi fortement progressé, à 1,249% contre 0,492% le 13 mars.

Le Trésor, qui comptait émettre un montant total de 11 milliards d'euros, a atteint son objectif grâce à une demande qui s'est élevée à environ 17,5 milliards d'euros.

Cette opération marque le premier rebond des taux italiens lors d'une émission depuis le début de l'année, alors que Rome avait profité ces derniers mois d'une forte baisse de ses taux d'emprunt grâce au retour de la confiance des investisseurs.

«Même si la demande s'est avérée soutenue, conformément aux attentes, le résultat de l'opération a été marqué par le retour des tensions sur les titres de dette souveraine de la zone euro et a été caractérisé par une augmentation considérable des rendements», a commenté la Banque d'Italie.

Jeudi, l'Italie, qui ploie sous une dette colossale représentant environ 120% de son PIB et qui doit émettre cette année pour près de 450 milliards d'obligations, reviendra sur le marché avec une émission à moyen et long terme d'un montant compris entre 3 et 5 milliards d'euros.

Afin de rassurer les investisseurs, le chef du gouvernement Mario Monti a fait entériner en décembre un nouveau plan de rigueur. Il a en outre lancé un vaste programme de libéralisation de l'économie et vient d'adopter un projet de réforme du marché du travail malgré l'opposition du premier syndicat du pays, la CGIL.

Mais «le marché est repassé en mode risque après avoir été exagérément optimiste» depuis le début de l'année, analyse, pour l'AFP, Jean-François Robin, stratégiste obligataire de la banque française Natixis.

Alors que les investisseurs se focalisent en particulier sur les difficultés de l'Espagne, les Bourses ont chuté mardi et les taux des obligations des pays fragiles de la zone euro, dont l'Italie, se sont nettement tendus après un week-end pascal prolongé.

«C'est la fin de la période d'euphorie après le LTRO», le prêt exceptionnel de la Banque centrale européenne aux banques de la zone euro qui avait contribué à la baisse des taux italiens, «le marché prend de nouveau peur après avoir pensé trop vite que la crise était finie», ajoute M. Robin.

Malgré le bond des taux italiens lors de cette émission, la Bourse de Milan accélérait et prenait 2,26% vers 10H00 GMT après avoir chuté de 4,98% mardi.