La dernière version de l'iPhone d'Apple ne remplit pas ses promesses, ce qui justifie une baisse du prix payé par les centaines de milliers d'utilisateurs québécois de l'appareil et une condamnation à des dommages punitifs, soutient une demande d'autorisation d'un recours collectif déposée à Montréal.

Le requérant, Jonathan Nova, en a contre l'application Siri du portable, qu'il juge inefficace. Il soutient qu'il a fait l'acquisition d'un iPhone 4S en décembre 2011 sur la base des représentations d'Apple au sujet de Siri.

Dans sa requête portée par le cabinet d'avocats Merchant, M. Nova décrit ainsi la fonctionnalité: «Le Siri offre une application de reconnaissance vocale qui permet à l'utilisateur du téléphone intelligent de donner des commandes vocales au téléphone, lequel effectuera en réponse certaines tâches.»

Or, «le Siri échoue fréquemment à saisir les commandes de son utilisateur, ou il offre une mauvaise réponse à la commande...» ajoute le document.

Apple connaissait les failles de son application avant son lancement, avance M. Nova, comme en témoigne, selon lui, une phrase tirée du site web de la société qu'il reproduit: «Siri est actuellement une version BÊTA et nous continuerons à l'améliorer au fil du temps.»

D'après la requête, Apple a créé beaucoup d'attente en annonçant en septembre 2011 le lancement d'un nouveau iPhone. Des rumeurs largement répandues avançaient qu'il s'agirait de l'iPhone 5.

«Cependant, le 14 octobre 2011, après des efforts soutenus de la part d'Apple afin de créer un engouement pour le lancement de ce nouveau produit, Apple a plutôt présenté l'iPhone 4S, le S pour la nouvelle application Siri...», écrivent les avocats de Merchant.

Selon eux, la différente principale entre l'iPhone 4 et l'iPhone 4S est la fonctionnalité Siri et «le lancement de ce nouveau iPhone était centré sur la prétention d'Apple que l'ajout de Siri constituait un développement significatif par rapport au précédent modèle iPhone 4».

Apple a ainsi justifié un prix d'achat plus élevé pour son nouvel appareil, vendu 649$ plutôt que 549$ pour l'iPhone 4 sans l'application Siri, avance la requête. La société de Cupertino a articulé ses campagnes de publicité et de marketing autour du Siri, mais ses avancées sont «fondamentalement fausses et trompeuses», ajoute M. Nova.

Au mieux, l'application Siri est un «ouvrage inachevé» et Apple n'en a jamais fait mention dans ses campagnes de promotion, déplore le requérant. Qui plus est, Apple n'a pas indiqué que les exemples d'utilisation du Siri diffusés dans ses publicités, notamment sur YouTube, sont fictifs et que les «consommateurs qui utilisent l'iPhone 4S actuel ne peuvent pas raisonnablement s'attendre à ce que Siri effectue les tâches présentées dans ces publicités».

Jonathan Nova explique que les allégations d'Apple l'ont incité à acheter l'iPhone 4S, entre autres comme outil de gestion et de planification.

«Cependant, après avoir tenté de l'utiliser à plusieurs reprises, le requérant a constaté que l'application Siri échoue fréquemment et qu'il ne pouvait s'y fier.» Il a donc cessé d'y avoir recours, précise le document soumis à la Cour supérieure à la fin de mars.

La Presse Affaires a tenté sans succès d'avoir les commentaires de Tara Hendela, porte-parole d'Apple Canada.

La société est visée par quelques autres recours collectifs ou demandes d'autorisation de recours au Québec et au Canada. L'un d'eux vise la collecte sans autorisation des informations des utilisateurs d'iPhone et d'iPad au moyen de la géolocalisation. Une autre requête, déposée en février, a trait aux problèmes de réception et d'antenne de l'iPhone 4. La société a réglé à l'amiable une poursuite semblable aux États-Unis à la mi-février.