La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi le maintien de son principal taux directeur à 1%, son plus bas niveau historique auquel il stationne depuis décembre.

La grande majorité des économistes s'attendait à ce statu quo sur le baromètre du crédit en zone euro, en raison de la fragilité de la situation économique en zone euro.

Ils prévoient également que Mario Draghi, son président, annonce le maintien en l'état l'arsenal de mesures anti-crise adopté par la BCE face à la crise de la dette et la menace de voir certaines banques coupées du marché donc incapables d'obtenir les liquidités dont elles ont besoin. Son intervention est attendue à 12h30 GMT (7h30 à Montréal) lors de la conférence de presse qui suit la décision sur les taux.

En décembre, l'institution monétaire de Francfort avait ainsi introduit des prêts à plus long terme, accordant au total 1000 milliards d'euros sur trois ans - contre un an maximum jusque-là - à quelque 800 établissements dans l'espoir qu'ils desserrent les conditions du crédit aux ménages et entreprises. Un souhait qui ne s'est pas vraiment traduit dans les faits pour l'instant.

Mais Mario Draghi, qui ne manque pas de souligner que la situation s'est légèrement stabilisée en zone euro depuis le début de l'année, devrait signifier que l'institution monétaire de Francfort (ouest) n'ira pas plus loin pour l'instant.

Et ce d'autant que la Banque centrale de l'Allemagne, dont la situation économique est bien meilleure que celle de la plupart de ses partenaires, a commencé à ruer dans les brancards, jugeant la politique de la BCE trop accommodante.

Pour la Bundesbank, le taux directeur est trop bas face à une inflation qui persiste à dépasser les 2%, au-dessus du seuil que se doit de faire respecter la BCE. Certains en Allemagne craignent déjà une bulle immobilière, non avérée toutefois pour l'instant.

La BCE devrait donc continuer «de signaler que les risques inflationnistes demeurent globalement équilibrés» dans un contexte certes de hausse des prix du pétrole «mais d'activité économique plus faible que prévu», estiment les analystes de RBS.

La Bundesbank s'inquiète en outre du poids des prêts accordés, jugeant les garanties exigées en échange trop faibles, ce qui pourrait entraîner des pertes pour la BCE si certaines banques ne sont pas capables de rembourser. Elle juge aussi que certains établissements sont devenus trop dépendants de ces liquidités.

Mais là encore, Mario Draghi devrait se garder d'une «quelconque allusion formelle à une 'stratégie de sortie' dans un avenir proche», juge Annalisa Piazza, du courtier Newedge Strategy. «Ce serait mal interprété par les investisseurs et pourrait probablement mener à un écroulement de la confiance», ajoute-t-elle.

Un avis partagé notamment par Gilles Moëc, de Deutsche Bank. «La situation dans la zone euro en général (...) est trop fragile à ce stade pour que la BCE prenne le risque de concentrer sa communication sur une 'stratégie de sortie'», estime-t-il, rappelant la BCE avait fait l'amère expérience au premier semestre 2011 d'une tentative de resserrement prématurée de sa politique monétaire.

Selon lui, «le cadre actuel de liquidités devrait être maintenu au moins jusqu'à la fin de l'année».

M. Draghi devrait donc s'efforcer de souligner que si certains banquiers centraux abordent cette question, elle n'est pas à l'ordre du jour et qu'il s'agit plutôt de préparer l'avenir.

Il devrait en outre une nouvelle fois rappeler que si la BCE a fait son possible pour atténuer la crise de la dette, elle ne sera pas «le pompier» dont la zone euro a besoin et qu'il appartient aux gouvernements de l'éteindre vraiment, en appliquant les mesures structurelles et de restrictions budgétaires nécessaires.