Même si le ministre des Finances, Jim Flaherty, ne l'indique pas explicitement, le Canada renouera avec les surplus budgétaires dès 2014-2015, à moins que le ciel ne nous tombe sur la tête.

Par mesure de prudence, le ministre diminue de 3 milliards de dollars par année jusqu'en 2016-2017 ses projections de revenus, comme il l'avait fait pour l'exercice qui prend fin demain.

Cela lui permet de gonfler sa prévision de déficit d'autant et de clamer en fin d'exercice que les résultats sont meilleurs que prévu grâce à une gestion prudente.

Ainsi, en 2011-2012, l'estimation du déficit est de 24,9 milliards alors qu'il projetait 31 milliards en novembre sur des dépenses de 272,9 milliards. Cela équivaut à 1,5% du produit intérieur brut (PIB).

Pour 2012-2013 et 2013-2014, la présente projection du manque à gagner est respectivement de 21,1 et 10,2 milliards. Pour l'exercice suivant, il s'élève à 1,3 milliard seulement. Ce n'est qu'en 2015-2016 que M. Flaherty prévoit un premier surplus après huit ans de déficit d'affilée, soit après les prochaines élections fédérales.

Il aura d'ici là le temps d'annoncer la bonne nouvelle aux Canadiens avant que le gouvernement ne les convie aux urnes.

Si l'économie se porte bien et qu'Ottawa parvient à réaliser ses coupes sans lancer d'autres mesures de dépenses, même l'horizon de 2013-2014 n'est pas hors de portée.

«Parce que nous avons fait des choix responsables, nous avons pu adopter des mesures énergiques lorsque la récession économique mondiale a frappé, a rappelé le ministre. Nous l'avons fait sans nous endetter massivement et sans creuser de déficit à long terme, contrairement à de nombreux autres pays. Nous avons fait tout cela sans augmenter les impôts.»

Sur des recettes fiscales projetées de 255 milliards en 2012-2013, l'impôt sur le revenu des particuliers contribuera à hauteur de 125,4 milliards, soit 4,5 milliards de plus que pour le précédent exercice.

L'impôt des sociétés baisse en revanche de 200 millions. Le 1er janvier, le taux d'imposition est passé de 16,5% à 15%. Ottawa prévoit une contribution accrue des entreprises aux recettes fiscales, à partir de 2013-2014.

Tous les autres postes de revenus garantissent des rentrées fiscales accrues chaque année.

En 2012-2013, les revenus budgétaires représenteront 14,3% de la taille de l'économie, les dépenses de programme 13,8% et le service de la dette 1,7%. Dans ce dernier cas, cela représente tout de même 30,8 milliards.

La dette fédérale, définie comme les déficits accumulés, atteindra 602,4 milliards, ce qui équivaut à 34,4% du PIB. Ottawa s'attend à ce qu'elle soit ramenée à 28,5% en 2016-2017, mais ce pourrait bien sûr être plus tôt en présumant que le retour à l'équilibre ou aux surplus sera devancé d'au moins un an par rapport à l'horizon projeté. En 1995-1996, le ratio avait atteint un sommet dangereux de 68,4%.

Pour des fins de comparaison internationale, on mesure la dette nette. Celle du Canada est définie comme le total des passifs fédéral, provinciaux et territoriaux, moins leurs actifs financiers de même que ceux du Régime des pensions du Canada et du Régime des rentes du Québec. Celui du Canada sera de 33,3% seulement en 2016, comparativement à 92,9% en moyenne pour le G7. Le second de classe est l'Allemagne, loin derrière le Canada avec 55,3%, selon les projections du Fonds monétaire international.

La dette totale sur les marchés financiers qui inclut aussi celle de ses sociétés devrait atteindre 662 milliards cette année.

Les nouveaux besoins financiers qui incluent le déficit projeté de 21,1 milliards et les emprunts des sociétés d'État s'élèveront à 23,3 milliards cette année.