On prédisait des compressions de 4 à 8 milliards de dollars dans les dépenses du gouvernement et des pertes d'emplois allant jusqu'à 60 000 fonctionnaires. Ces coupes se chiffreront finalement à 5,2 milliards par année dans trois ans et à 19 200 postes, surtout dans la région de la capitale canadienne. Le gouvernement Harper a présenté l'exercice comme un effort «modeste».

Ces économies annuelles de 5,2 milliards de dollars totalisent une réduction des dépenses de 20,8 milliards en cinq ans, peut-on lire dans le budget présenté hier à Ottawa. Le premier ministre Stephen Harper avait demandé à l'ensemble de l'appareil fédéral de lui présenter deux scénarios: l'un visant à réduire leur budget de 5% et l'autre, de 10%. En fin de compte, les dépenses de 75 milliards seront réduites de 6,9%.

La contribution des différents ministères ou agences est inégale: certains, comme CBC/Radio-Canada, devront réduire leur budget de 10% (115 millions sur 1,1 milliard). D'autres auront peut-être moins d'efforts à faire, comme le ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord (2,7%) ou celui de l'Immigration (5,3%).

En sommes nettes, le ministère de la Défense sera le plus touché (1,1 milliard), suivi de celui de la Sécurité publique (688 millions). Celui des Anciens Combattants est sans doute l'un des plus épargnés (36 millions, ou 1,1% des dépenses).

Mais mis à part cette liste des économies espérées dans les différentes entités fédérales, la manière dont elles seront réalisées reste vague. Par exemple, on ignore où les 19 200 emplois seront éliminés. Le gouvernement précise toutefois que 12 000 postes feront l'objet de compressions en trois ans, tandis que 7200 seront éliminés par attrition. En tout, ces compressions élimineront 4,8% des emplois dans la fonction publique fédérale, précise le budget.

Les fonctionnaires, nerveux depuis l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire le 2 mai, devront donc prendre leur mal en patience avant de savoir comment ces compressions les toucheront.

Le ministre des Finances a insisté pour présenter son budget comme un exercice modeste et raisonnable, en regard des mesures mises en oeuvre par les libéraux au milieu des années 90 et aux réductions des dépenses imposées en Europe, notamment en Espagne, au Royaume-Uni, en Italie, en France et en Allemagne.

Réactions à Radio-Canada



Le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) savait pertinemment que le budget de la société d'État serait amputé, mais cela ne signifie pas que l'annonce des compressions de 115 millions $ sur trois ans est facile à digérer pour autant.

Ultimement, ces coupes pénaliseront les citoyens canadiens, qui verront l'offre en information et divertissement réduite, estime le président du SCRC, Alex Levasseur.

Il a accusé le grand patron de la boîte, Hubert T. Lacroix, d'être au service de Stephen Harper plutôt que de se poser comme défenseur de la société d'État.

Entre 700 et 800 suppressions d'emploi sont à prévoir en raison de ces nouvelles compressions budgétaires.

Ces pertes d'emploi s'ajoutent aux quelque 800 survenus il y a deux ans, rappelle M. Levasseur.

Ces purges successives ne pourront faire autrement que de laisser des «cicatrices majeures», selon le leader syndical.

«On aurait pu être épargnés cette fois-ci, parce qu'on est tellement touchés depuis tellement longtemps, année après année. On roule aujourd'hui avec un budget qui est à peu près le même que celui qu'on avait en 1991 (en dollars réels)», a laissé tomber Alex Levasseur.

Les mesures que CBC/Radio-Canada entend prendre au cours des trois prochaines années seront décrites plus en détail dès que possible, a indiqué le diffuseur public par voie de communiqué.

Le SCRC a déjà fait quelques recommandations à la haute direction à ce sujet. Il propose notamment de revoir le ratio cadres/employés afin d'économiser sur le plan de la gestion.

- Avec La Presse Canadienne