Le ministre des Finances Jim Flaherty annonce une réduction des dépenses de 5,2 milliards de dollars par année d'ici trois ans et la suppression de 19 200 postes dans la fonction publique pour rétablir l'équilibre budgétaire à 2014-2015, donc avant les prochaines élections fédérales.

Mais Jim Flaherty ne fait pas qu'utiliser la hache dans le budget qu'il a présenté aux Communes cet après-midi. Il annonce des réformes majeures aux régimes de pension et d'assurance emploi, et il dépoussière la stratégie d'Ottawa pour favoriser la recherche et l'innovation.

M. Flaherty a aussi réservé une petite surprise aux consommateurs et aux entreprises en annonçant l'élimination progressive de la pièce de 1 cent à partir de l'automne.

Bien installé au pouvoir maintenant qu'il détient la majorité à la Chambre des communes, le gouvernement Harper ne cache plus son penchant pour la libre entreprise et l'élimination des règles qui ralentissent l'approbation des grands projets d'exploitation des ressources naturelles.

Le budget cible «non seulement les prochaines années, mais aussi les prochaines générations», selon le ministre.

En réalisant des économies annuelles de 5,2 milliards par année d'ici trois ans - environ 6,9 % des dépenses de fonctionnement de l'État - le ministre prévoit éliminer le déficit au plus tard en 2015-2016. Mais il pourrait bien atteindre son objectif plus tôt - soit avant les prochaines élections fédérales, prévues en octobre 2015 - compte tenu des projections prudentes retenues dans le budget.

M. Flaherty prévoit toujours un retour aux surplus sans augmenter les impôts des contribuables et sans toucher aux paiements de transfert aux provinces.

La suppression de quelque 20 000 postes en trois ans dans la fonction publique devrait se faire en partie par attrition. À terme, on prévoit en effet que 12 000 employés seront remerciés. La grande proportion des postes éliminés se trouvent dans la région de la capitale nationale.

Les mesures d'austérité sont donc moins douloureuses que ce qui avait été anticipé. «Nous pouvons éliminer le déficit en comprimant les dépenses de façon modérée et sensée. Nous n'avons pas besoin de procéder à des coupes draconiennes comme celles qui sont imposées à d'autres pays industrialisés à l'heure actuelle», a soutenu Jim Flaherty.

Le ministre a également annoncé des réformes majeures aux régimes de pension, au système d'immigration, au programme d'assurance emploi et à la stratégie d'Ottawa en matière de recherche et d'innovation.

Ainsi, le gouvernement Harper confirme que l'âge de l'admissibilité au programme de sécurité de la vieillesse passera graduellement de 65 à 67 ans à partir du 1er avril 2023. Le nouvel âge d'admissibilité sera en vigueur en 2029. Les Canadiens âgés de 54 ans ou plus au 31 mars ne seront pas touchés par cette réforme.

«Les Canadiens vivent plus longtemps et sont en meilleure santé. Il y a moins de travailleurs pour prendre la relève au moment de la retraite. Le Canada a changé. La sécurité de la vieillesse doit changer en parallèle», a affirmé Jim Flaherty.

Pour dorer la pilule, le gouvernement Harper propose aussi une réforme du régime de retraite des députés et sénateurs, de loin le plus généreux au pays, ainsi qu'une refonte du régime de retraite des employés de l'État, de sorte que les cotisations des fonctionnaires soient égales à celles de l'employeur (50/50).

En matière d'immigration, le gouvernement compte inciter les entreprises à embaucher des Canadiens avant de recourir aux travailleurs étrangers temporaires. Il veut aussi que le système d'immigration soit davantage axé sur les besoins du marché du travail.

Quant au programme d'assurance emploi, Ottawa prévoit des investissements de 21 millions de dollars en deux ans pour jumeler plus rapidement les chômeurs canadiens et les emplois disponibles. On alloue aussi 74 millions de dollars en deux ans à un projet pilote qui permettra à certains chômeurs qui acceptent un emploi de toucher la moitié de leurs prestations de chômage afin de les inciter à retourner sur le marché du travail.

Le gouvernement fédéral entreprend un ménage dans sa stratégie de soutien à la recherche industrielle. Il sabre dans son généreux programme de crédits d'impôt à la recherche et au développement et redirige les sommes économisées vers les subventions directes aux entreprises pour les inciter à faire de la recherche. Il met aussi 500 millions de dollars dans le capital de risque pour soutenir les meilleures entreprises canadiennes.

Par ailleurs, le gouvernement Harper veut simplifier les examens réglementaires des grands projets d'exploitation des ressources naturelles. Il présentera un projet de loi de loi en ce sens sous peu. La formule « un projet, un examen » devrait s'appliquer au pipeline Northern Gateway, qui doit partir de l'Alberta et se rendre jusqu'aux côtes de la Colombie-Britannique.

Enfin, Ottawa consacrera 275 millions de dollars en trois ans à la construction et à la rénovation d'écoles dans les réserves autochtones. L'objectif est de favoriser la participation des peuples autochtones au marché de l'emploi.