Une récente étude qui affirmait que le Plan Nord serait déficitaire pour les contribuables québécois est contredite par les données présentées dans le dernier budget Bachand.

L'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), un groupe de recherche progressiste, a publié la semaine dernière une étude ayant fait grand bruit montrant que le Plan Nord coûterait aux contribuables 8,45 milliards de dollars de plus que ce qu'il rapporterait - dans le meilleur des cas.

Or, à la lecture des documents budgétaires, La Presse Affaires a constaté que les investissements publics prévus par le gouvernement pour le Plan Nord seront beaucoup moins importants que dans les hypothèses utilisées par l'IRIS.

Mardi, lors du dévoilement du budget, l'IRIS avait publié un premier communiqué qui faisait allusion à son étude sur le Plan Nord. Quelques heures plus tard, après que La Presse Affaires lui ait fait part de ses observations, le groupe de recherche a publié une nouvelle version du communiqué, qui ne faisait plus mention de l'étude.

La méprise découle de l'imprécision quant à la répartition des investissements du Plan Nord, tel qu'annoncé par le gouvernement en mai dernier. Il était question d'un projet de 80 milliards: 47 milliards pour les projets de développement d'Hydro-Québec, et 33 milliards d'investissements publics et privés pour le développement des projets miniers et des infrastructures.

L'IRIS a évalué trois scénarios sur la répartition de ces 33 milliards, selon lesquels l'État fournirait 50, 60 ou 70% du total. Les trois scénarios s'inspirent d'une information brièvement mentionnée - au conditionnel et jamais confirmée - dans un article de journal l'été dernier.

Les documents budgétaires présentés mardi montrent toutefois que les 33 milliards d'investissements sont liés seulement aux projets miniers et sont totalement à la charge des sociétés privées, comme l'a confirmé un haut fonctionnaire du ministère des Finances. Les investissements publics pour les infrastructures (2 milliards) sont maintenant regroupés dans une autre rubrique, portant les investissements totaux du Plan Nord à 82 milliards.

Dans une note publiée sur son blogue en fin de journée hier, l'IRIS reconnaît que «les données publiées dans le budget remettent donc en question [ses] conclusions».

Un coussin d'au moins 6 milliards

Le scénario le plus optimiste de l'IRIS prévoyait que l'État paie 16,5 des 33 milliards. Comme le gouvernement évalue les retombées fiscales de l'ensemble du Plan Nord à 14,2 milliards sur 25 ans, l'IRIS en déduisait un déficit de 2,3 milliards, auquel le groupe de recherche ajoutait 6,15 milliards de dépenses supplémentaires «afin d'absorber les effets socio-économiques d'un boom minier et de la hausse de population qui s'ensuivra». On en arrivait à un déficit de 8,45 milliards.

Selon les chiffres gouvernementaux, l'État dépensera plutôt 2 milliards pour les infrastructures et dégagera donc un bénéfice fiscal de 12,2 milliards. Même en admettant les coûts supplémentaires mis de l'avant par l'IRIS, cela laisse un coussin de quelque 6 milliards au gouvernement.

Une autre analyse récente sur le Plan Nord, rédigée par SECOR, table sur près de 5 milliards d'investissements publics, pour un peu plus de 28 milliards d'investissements des sociétés minières. SECOR évalue les retombées fiscales des investissements et de l'exploitation à 19,6 milliards sur 25 ans, sans compter les redevances et les impôts sur les sociétés.