Dès le 1er janvier prochain, les Québécois devront ajouter un nouvel acronyme à leur vocabulaire de planification de la retraite: RVER, pour régime volontaire d'épargne-retraite.

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Le RVER se veut un régime «simple pour les entreprises» et «facile pour les deux millions de travailleurs qui ne sont pas couverts par un régime de retraite», a dit le ministre des Finances Raymond Bachand, à moment du dépôt de son budget, hier.

Les RVER seront offerts dès 2013, mais les employeurs auront jusqu'au 1er janvier 2015 pour commencer à l'offrir. Toutes les entreprises de cinq employés et plus auront l'obligation d'offrir le RVER à tous leurs employés qui sont en fonction depuis au moins un an.

Ainsi, seulement la moitié des deux millions de travailleurs visés adhéreront par défaut au RVER. Mais les travailleurs autonomes et les employés de micro-entreprises pourront adhérer à un RVER de leur propre chef.

Cela plaira au patronat qui craignait que le RVER soit trop complexe pour les petites entreprises qui ont un taux de roulement élevé de leur personnel.

Mais la mise en place du RVER ne sera ni lourde, ni coûteuse pour les employeurs, puisque l'administration et la gestion du programme sera confiée à une institution financière.

Sans cotisation obligatoire de l'employeur

Les employeurs ne seront pas forcés de cotiser au RVER de leurs employés, mais ils pourront le faire. Leur obligation se limitera à choisir quel RVER ils offriront à leurs employés, à inscrire leurs employés et à faire les retenues sur la paie.

Les employés seront inscrits automatiquement au RVER, mais ils pourront s'en retirer. Aux États-Unis, cette formule d'adhésion automatique avec option de retrait, a permis d'atteindre un niveau de participation beaucoup plus élevé (86 à 95%) que l'adhésion volontaire (37 à 77%).

Par défaut, les employés verseront 2% de leurs revenus jusqu'en 2015. La cotisation augmentera à 3% en 2016 et à 4% à partir de 2017. À terme, cela représente une ponction de 38$ sur la paie hebdomadaire d'un salarié qui gagne 50 000$.

Au cours des trois premières années, Québec prévoit que les RVER attireront des cotisations de 500 millions de dollars par année.

Une cotisation de 4% permettra aux gens qui gagnent entre 40 000$ et 50 000$ de maintenir leur niveau de vie à la retraite. À la retraite, ils obtiendront un taux de remplacement de leurs revenus d'emploi supérieur à 60%, en considérant la Sécurité de la vieillesse et de la Régie des rentes du Québec (voir tableau en page 5).

Moins coûteux que le REER

Les travailleurs pourront hausser ou réduire leur niveau de cotisation qui sera déductible d'impôt (jusqu'à 18% des revenus), comme le Régime enregistré d'épargne-retraite (REER).

Mais le RVER sera moins coûteux que les Régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER) qui grugent facilement 2% en frais de gestion annuels. Québec espère que les frais des RVER oscilleront entre 0,5% et 1%.

Mais l'opposition aurait souhaité que Québec crée un mécanisme de contrôle des frais du RVER. «Le gouvernement aurait pu aller en appel d'offres pour la gestion de ces milliards. La Régie des rentes aurait pu soumissionner», a commenté Sylvain Simard, porte-parole du Parti québécois.

Même son de cloche de la part d'Amir Khadir, député de Québec solidaire. «Pourquoi favoriser le privé? Les frais sont trois fois plus élevés qu'à la RRQ», dénonce-t-il.

«C'est un cadeau pour les institutions financières!», s'exclame Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec. Pour les femmes, la bonification de la RRQ aurait été une meilleure option, dit-elle. La RRQ tient compte du fait que les femmes mettent leur carrière en veilleuse lorsqu'elles ont des enfants, ce qui n'est pas le cas d'un régime privé.