La zone euro va demander des comptes lundi à l'Espagne qui réclame plus de souplesse pour réduire son déficit et va également tenter d'avancer sur le renforcement de son pare-feu contre la crise de la dette, même si aucune décision n'est attendue avant fin mars.

Les ministres des Finances de l'Union monétaire se retrouvent à partir de 17H00 (midi à Montréal) à Bruxelles dans un climat plus apaisé que d'ordinaire, grâce à l'accord donné vendredi par les créanciers privés de la Grèce à la plus grosse opération de réduction de dette de l'histoire.

Fait rare: la situation de la Grèce ne devrait être évoquée qu'à la marge car la zone euro attend désormais la réunion du conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI), prévue jeudi, pour finaliser le débouclage du second plan d'aide au pays, comprenant une aide publique de 130 milliards. Le FMI doit contribuer à l'effort à hauteur de 18 milliards d'euros en principe.

Une conférence téléphonique de l'Eurogroupe pourrait être organisée dans la foulée, selon une source diplomatique européenne.

La zone euro devrait donc lundi se pencher essentiellement sur le sort de l'Espagne qui a pris ses partenaires par surprise en annonçant début mars que son déficit public 2012 serait bien supérieur à l'objectif initialement annoncé.

«Il va falloir comprendre ce que les Espagnols nous demandent et par quels moyens ils vont respecter leurs engagements» d'un retour du déficit à 3% fin 2013, compte tenu du dérapage prévu cette année, estime une source diplomatique.

«La balle est dans leur camp. Ils doivent nous convaincre. Sinon, la procédure (de déficit excessif) peut être réactivée», poursuit-elle.

Une réunion en aparté entre le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, et son homologue espagnol, Luis de Guindos, doit se tenir avant l'Eurogroupe, selon plusieurs sources diplomatiques.

Les Européens sont prêts à se montrer souples sur le déficit espagnol 2012 --qui doit désormais atteindre 5,8% et non plus 4,4%--, à condition que le pays justifie ce dérapage. «L"objectif de 2013 reste un objectif, l'objectif de 2012 est moins important», confiait récemment un responsable européen sous couvert d'anonymat.

Mais ils craignent que le cas espagnol fasse tache d'huile, au moment même où ils ont mis en place de nouveaux outils de discipline budgétaire. Parmi eux, le traité qui vient d'être signé début mars par 25 des 27 pays de l'UE, et prévoit l'instauration de règles de retour à l'équilibre budgétaire.

«Cette situation n'est pas uniquement celle de l'Espagne», rappelle une source diplomatique, en citant le cas de la Hongrie, qui risque de se voir privée de 495 millions d'euros de subventions de l'UE en 2013 si elle ne prend pas rapidement des mesures pour réduire son déficit. Les ministres des Finances de l'UE devraient statuer sur ce point mardi.

Autre pays dont les dérapages inquiètent: les Pays-Bas, dont le déficit public devrait dépasser la limite européenne de 3% l'an prochain.

La zone euro devrait également discuter du renforcement de son pare-feu, le Mécanisme européen de stabilité (MES) qui entrera en vigueur en juillet. Aucune décision n'est attendue avant la fin du mois.

L'Allemagne continue à traîner des pieds sur ce dossier et sur l'augmentation de la capacité de prêts du MES à 750 milliards d'euros, jugeant qu'il n'y a plus d'urgence compte tenu de l'accalmie sur les marchés financiers.

La solution envisagée serait de combiner les fonds restants du mécanisme temporaire, le Fonds de secours temporaire actuel (FESF) aux 500 milliards d'euros du Mécanisme européen de stabilité, de façon à obtenir une enveloppe globale de 750 milliards.

Le FMI, qui tient sa réunion de printemps mi-avril, attend un geste de la zone euro sur cette question sensible pour pouvoir augmenter ses propres ressources afin de pouvoir aider davantage l'Europe.

Enfin, la zone euro devrait choisir quel sera le nouveau membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) pour remplacer l'Espagnol José Manuel Gonzalez-Paramo qui partira fin mai.

Trois candidats sont en lice. Le gouverneur de la banque centrale du Luxembourg Yves Mersch tient la corde, selon des sources diplomatiques. Il est en concurrence avec l'Espagnol Antonio Sainz de Vicuña et le Slovène Mitja Gaspari.

Cette nomination très sensible entre dans le cadre d'un jeu de chaises musicales incluant trois autres postes importants, dont la présidence de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd).