Cela fait maintenant 35 ans que Richard Petit vend et installe des systèmes de son haut de gamme pour une clientèle variée et fidèle à son magasin Kebecson de la rue Saint-Denis. Mais ce que plusieurs ignorent c'est que le spécialiste de l'audio s'est aussi imposé comme le décorateur sonore privilégié des grands noms du commerce au détail canadien.

«Si le système de son d'une boutique de vêtements tombe en panne, les ventes vont reculer de 10% à 20%. C'est automatique. Dans le secteur de la mode, l'environnement sonore est très important», observe le vieux routier de l'audio.

C'est par hasard, que Richard Petit a été amené à développer une activité commerciale parallèle à celle qu'il exerçait à son commerce de la rue Saint-Denis.

«J'avais commencé à installer des systèmes de son dans les autos de mes clients. Lorsque le cellulaire a fait son apparition au début des années 90, j'ai décidé d'en installer dans les voitures. C'était de gros systèmes fixes qu'on branchait à une antenne.»

«Un jour, un client que je ne connaissais pas m'a demandé si je pouvais améliorer les systèmes de son de ses boutiques. C'était Joey Basmaji, le propriétaire des boutiques Jacob. J'ai fait l'installation de nouveaux systèmes dans ses 220 boutiques à travers tout le Canada», se rappelle Richard Petit.

Internet n'existait pas à l'époque, Richard Petit se fait donc livrer à son magasin de Montréal les annuaires Pages jaunes de toutes les grandes villes canadiennes.

«Il n'était pas question que j'envoie des techniciens aux quatre coins du pays. Je me suis donc déniché des sous-traitants pour installer le matériel que je leur envoyais, selon mes spécifications», explique l'entrepreneur.

Partout dans le monde

Richard Petit admet qu'il a dû convaincre son premier client de la pertinence d'installer des haut-parleurs beaucoup plus dispendieux pour remplacer les anciens.

«Il y avait huit haut-parleurs de huit pouces encastrés dans le plafond de chaque boutique, des haut-parleurs à 20$, dont la pauvre sonorité se perdait dans le plafond.»

«Je les remplaçais par deux enceintes fermées Canton à 400$ chacun qui avaient leur propre caisse de résonance. Quand il a entendu la différence, je n'ai plus eu besoin de justifier le coût de l'investissement», raconte-t-il le visage fendu d'un large sourire.

Chose certaine, cette première incursion dans la sonorisation de boutiques a été concluante et a fait rapidement boule de neige.

Richard Petit a obtenu le mandat de refaire l'environnement sonore des 1200 magasins Reitmans au Canada (Reitmans, Smart Set, EW&Co, Thyme, Cassis, Penningtons, Addition Elle); les 200 magasins Au Cotton, les 250 boutiques Dynamite et Garage au Canada et aux États-Unis, les 250 magasins Le Château, les magasins Tristan, les 200 magasins La Vie en rose...

Il a fait toutes les boutiques du Groupe San Francisco et les Ailes de la mode où il a même ouvert une boutique Bang & Olufsen au magasin du centre-ville.

Le plus gros client de Kebecson reste sans conteste le groupe Aldo et ses 1600 boutiques partout à travers le monde.

«Aldo Bensadoun est très soucieux de l'environnement sonore de ses magasins. On fait tous ceux du Canada et des États-Unis, mais on sous-traite pour les magasins d'une soixantaine de pays. Aldo nous a toutefois demandé de réaliser l'installation de ses grosses boutiques de New York et de Londres», indique Richard Petit.

Chaque année, Kebecson s'occupe de la sonorisation des 160 nouvelles boutiques Aldo qui ouvrent dans le monde. Comme avec tous ses autres clients, Richard Petit supervise la rénovation des magasins existants.

Un coup de main de Paul Roberge

C'est à 18 ans que Richard Petit a acheté une boutique de systèmes de son, située au deuxième étage d'un commerce de la rue Jarry, pour créer le magasin Kebecson qu'il déménagera 5 ans plus tard sur la rue Saint-Denis, au nord de Beaubien.

Trente-cinq ans plus tard, le petit gars de la rue Saint-Denis explique la percée significative qu'il a réussi dans le monde de l'audio et du commerce au détail par le souci de bien servir le client et l'importance d'en servir un à la fois.

«Notre magasin est une boutique de niche. J'ai des clients qui me sont fidèles depuis 35 ans. Mais c'est sûr que nos produits hauts de gamme intéressent les gens plus fortunés. Il faut être à l'écoute. Depuis 30 ans, je visite une nouvelle maison chaque jour. Je me rends chez mes clients pour bien comprendre leurs besoins», insiste-t-il.

Richard Petit se dit extrêmement redevable à Paul Roberge, le fondateur des Ailes de la mode, qui lui a fait comprendre tous les dessous de l'industrie du commerce au détail et qui lui a partagé de nombreux enseignements.

«Paul a été un précurseur. Il savait comment opérer une boutique. Dans le magasin des Ailes de Montréal, on a installé pas moins de 200 haut-parleurs avec des enceintes plus performantes dans la section des sous-vêtements féminins. Les clientes restaient plus longtemps...», observe-t-il.

Quel est le défi qu'il souhaiterait réaliser maintenant?

«J'aimerais bien équiper les boutiques Starbuck ou les Tim Horton. Elles en ont besoin et il y a des dizaines de milliers. Mais je n'ai pas de contacts aux États-Unis ou à Toronto. Ce n'est pas comme ici. Tout le Québec inc. me connaît, ils viennent tous à ma boutique.»