Lorsqu'il est question de REER, le commun des mortels y perd son latin. Certains font confiance à leur conseiller financier les yeux fermés. Mais comme un citoyen bien informé en vaut deux, voici quelques suggestions et conseils pour mieux s'y retrouver.

Avant de confier son argent à un conseiller financier, vaut mieux faire un travail d'amont et s'informer par ses propres moyens. Différentes sources existent pour le citoyen intéressé: des sites comme Question Retraite, celui de l'Autorité des marchés financiers ou de la Régie des rentes du Québec offrent informations et conseils. Diverses publications s'intéressent également aux REER dans des dossiers ou articles (L'Actualité, Protégez-Vous, Vita, Le Bel Âge, etc.).

Est-ce suffisant? Tous ne sont pas nés autodidactes et les informations sont si dispersées qu'il peut être difficile de se faire une idée claire. Pourquoi ne pas opter pour une formation? Au Québec, l'Institut collégial de la littératie financière offre six cours consacrés aux finances personnelles. Parmi eux, la planification financière, les placements et, dès cet été, la préparation à la retraite. Les cours, d'une durée 45 heures chacun, donnent droit à un AEC et sont offerts au Collège Rosemont, au Cégep Gérald-Godin et au Cégep de Limoilou (Québec).

«Il y a un grand besoin du public pour ce genre d'information, d'autant plus que les finances personnelles sont un sujet négligé en éducation. Ces connaissances peuvent aider à tirer son épingle du jeu dans différents contextes. Qu'on ait ou pas de conseiller financier, on est toujours, au final, responsable de ses investissements. Chacun est le PDG de sa gestion financière personnelle», image Paul Bourget, responsable du projet.

Attention aux frais!

Selon une étude publiée en 2009 par Morningstar sur les fonds mutuels (aussi appelés fonds communs), une forme d'investissement très populaire, si le Canada récolte un A lorsqu'il s'agit de la protection des investissements ou de la transparence, il obtient un F au chapitre des frais de gestion, la pire note sur les 16 pays étudiés.

Ces frais annuels passent inaperçus pour la plupart des investisseurs, car ils sont pris à même les rendements des fonds mutuels et n'apparaissent pas sur les relevés, explique Jean-Philippe Tarte, maître d'enseignement aux HEC et responsable du DESS en professions financières.

L'étude de Morningstar mentionne d'ailleurs que les investisseurs canadiens ne se formalisent pas des frais, car ils ignorent à quel point ils devraient être beaucoup moins élevés. Par exemple, un des plus gros fonds d'actions canadien, le Fidelity Canadian Asset Alloc Sr B, charge des frais annuels de 2,25%. «Les frais devraient plutôt varier entre 1% et 1,5% maximum», compare M. Tarte.

Une partie de ces frais, dont les frais «d'entrée» dans un fonds, sert à payer la commission des courtiers. «Malheureusement, au Canada, il n'existe aucune norme,  c'est chaotique, déplore le professeur. L'offre est très diversifiée d'une institution à l'autre et la structure de rémunération des courtiers sur base de commissions est encore très présente», déplore le professeur.

Certains indices peuvent mettre la «puce à l'oreille» afin de savoir si notre conseiller travaille pour notre bien ou pour ses commissions, ajoute M. Tarte: «Par exemple, l'intérêt d'une année à l'autre de vendre un fonds et d'investir dans un autre est assez minime. Mais ce mouvement d'actifs crée des commissions pour le courtier.»

Envie d'y voir clair? Demandez à voir le prospectus et trouvez-y la mention MER (pour management expense ratio) ou, en français, RFG (ratio de frais de gestion), qui indique le pourcentage annuel des frais de gestion pris à même vos rendements. «Plus il y a des frais de gestion, moins les rendements sont intéressants», conclut M. Tarte.