Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a déclaré jeudi être «plutôt confiant que toutes les pièces du puzzle (allaient) s'emboîter» dans le cas de la Grèce, qui veut solliciter une nouvelle aide de ses partenaires pour éviter la faillite.

Les principaux partis politiques du pays se sont mis d'accord sur de nouvelles mesures de rigueur jeudi, préalable à toute négociation sur une nouvelle aide, avait confirmé M. Draghi un peu plus tôt.

La Grèce, à la situation financière désespérée, est aussi dans la dernière ligne droite de ses négociations avec ses créanciers privés sur l'effacement d'une partie de sa dette.

M. Draghi a indiqué qu'il «avait l'impression» qu'un accord était imminent, lors d'une conférence de presse à Francfort à l'issue de la décision du conseil des gouverneurs de maintenir son principal taux directeur à 1%.

La BCE détient elle aussi de la dette grecque, notamment sous forme d'obligations souveraines rachetées depuis le printemps 2010 sur le marché secondaire pour soutenir Athènes au travers du programme SMP.

M. Draghi a refusé de répondre clairement aux questions sur le sort qui sera réservé à ces titres, alors que l'institution est sous pression pour participer sous une forme ou une autre à l'effort consenti par les créanciers privés du pays.

«Je ne peux rien dire sur le montant des obligations grecques rachetées en vertu du programme SMP ni la manière dont elles seront traitées», a-t-il déclaré aux journalistes. Selon un banquier central de la zone, leur montant s'élèverait à 45 milliards d'euros.

«Toutes ces discussions sur un partage par la BCE des pertes essuyées en Grèce sont sans fondement», a-t-il ajouté. «L'idée que la BCE pourrait donner de l'argent pour le programme (d'aide à la Grèce) serait une violation de la prohibition de financer les États», qui est inscrite dans les traités européens.

Toutefois, le président de la BCE a suggéré, en fin de conférence de presse, que la BCE pourrait accepter de renoncer aux plus-values attendues de ces titres une fois qu'ils arriveront à échéance, une éventualité évoquée à plusieurs reprises ces dernières semaines dans la presse et par les économistes.

«Si la BCE redistribue une partie de ses profits aux États membres de la BCE (...), il ne s'agit pas de financement monétaire» des États, a dit M. Draghi.

Selon le scénario évoqué, la BCE pourrait transférer au fonds de secours permanent de la zone euro ses obligations grecques, acquises en moyenne à 75% de leur valeur, au prix de leur achat, ce qui signifierait un manque à gagner de 11 à 12 milliards d'euros pour l'institution, qui pourrait bénéficier à la Grèce.

Selon une source gouvernementale européenne, «ça commence à bouger du côté de la BCE», jusqu'ici fermement opposée à participer au plan de réduction de la dette grecque.

M. Draghi a indiqué qu'il allait participer à la réunion de l'Eurogroupe consacré à la Grèce en fin d'après-midi à Bruxelles alors que la voie est désormais ouverte au déblocage de prêts de 130 milliards d'euros promis au pays fin octobre par la zone euro.