La Grèce espère décrocher une nouvelle aide de ses partenaires européens jeudi lors d'une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles, même si les partis de la coalition gouvernementale n'ont pas approuvé totalement le programme de réformes de rigueur proposé par les bailleurs de fonds du pays.

Au terme d'une nuit blanche, le ministre des Finances Evangélos Vénizélos a reconnu jeudi matin qu'il restait «des questions devant être résolues» avant que les trois partis représentés au gouvernement n'accordent leur soutien à l'ensemble des mesures réclamées à la Grèce pour décrocher un deuxième prêt international vital.

Sans cette nouvelle aide d'au moins 130 milliards d'euros, la Grèce s'expose à un défaut de paiement le 20 mars, à l'expiration de 14,5 milliards d'obligations.

M. Vénizélos a espéré que les ministres des Finances de la zone euro qui se réunissent ce jeudi dans la soirée prendront une «décision positive» sur ce nouveau plan d'aide, alors qu'il ne reste plus, selon le porte-parole du gouvernement Pantelis Kapsis, que «600 millions d'euros» (un euro = 1,32$ CAN) d'économies à trouver «dont 325 millions seront réalisés par des abaissements de retraites».

«Pour le reste (275 millions d'euros), nos créanciers nous ont donné un délai de 15 jours pour trouver une solution», a déclaré M. Kapsis jeudi matin à la presse.

Le socialiste Georges Papandréou, le conservateur Antonis Samaras et le leader d'extrême droite Georges Karatzaferis se sont mis d'accord sur «tous les points du plan sauf un», avait indiqué dans la nuit un communiqué des services du premier ministre Lucas Papademos, qui espère boucler un accord avec eux «avant la réunion de l'Eurogroupe».

En sortant de chez le premier ministre, M. Samaras avait indiqué que le différend portait sur des coupes envisagées dans les pensions de retraite, tout en soulignant que «les négociations continuaient» sur cette question.

Sans cesse ajournée depuis lundi, et retardée toute la journée, la réunion des chefs de parti, cruciale pour le pays et suivie par l'ensemble de la zone euro, avait débuté à 15h00 GMT (10h00 à Montréal).

Ils étaient appelé à donner leur blang-seing aux 50 pages d'un avant-projet d'accord entre le gouvernement grec et ses bailleurs de fonds, imposant des conditions drastiques d'assainissement des finances publiques du pays et des mesures de relance économique passant par une sévère dérégulation du marché de travail et un abaissement du coût de la main d'oeuvre.

L'assentiment des chefs de parti à cette nouvelle cure de rigueur est attendu fiévreusement par les partenaires de la Grèce, exaspérés par plusieurs jours d'atermoiements politiques autour des mesures en jeu.

De fait, si les partis finissent par donner leur accord dans la journée malgré le timing de plus en plus serré, ce programme de réformes doit théoriquement être déposé dès vendredi au parlement grec, où la coalition gouvernementale peut compter sur 255 voix (sur 300), en vue d'un vote d'urgence prévu pour dimanche selon l'agence Ana.

Selon des fuites dans la presse, le train de mesures prévoit une baisse de 22% du salaire minimum ainsi ramené autour de 586 euros bruts sur 14 mois, des coupes dans les retraites complémentaires, et 15 000 suppressions d'emplois dans l'année dans le secteur public.

Les conséquences sociales seront douloureuses dans un pays qui entame sa cinquième année de récession. Le syndicat communiste Pame a appelé à des manifestations à Athènes jeudi soir, deux jours après une grève générale de 24 heures qui a fait battre le pavé à quelque 20.000 manifestants.

Le prix politique s'annonce aussi élevé pour des partis qui se préparent à des élections législatives anticipées en mars ou avril. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la troïka des créanciers souhaite avoir leur engagement explicite à poursuivre le programme.

Actuellement, la Nouvelle démocratie (droite) mène dans les sondages.

Le temps presse pour la Grèce qui a promis d'aborder la semaine prochaine l'autre volet de cette négociation internationale à plusieurs niveaux : l'opération d'effacement par les créanciers privés de 100 milliards de dettes grecques, quasi-finalisée fin janvier à l'issue de tractations entre Athènes et les créanciers privés de la Grèce, représentés par l'Institut de la finance internationale (IFF).

Le comité des créanciers privés de la Grèce a annoncé que ces derniers se retrouveraient jeudi à Paris.