Après plusieurs rendez-vous manqués, le premier ministre grec Lucas Papademos rencontre mercredi les chefs des trois partis de la coalition gouvernementale pour obtenir leur aval au nouveau plan de rigueur réclamé par les créanciers de la Grèce en échange de leur soutien.

Depuis le début de la matinée, les dirigeants des trois partis soutenant le gouvernement dirigé par l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), ont entre les mains le texte de 50 pages finalisé dans la nuit par M. Papademos et la troïka représentant les créanciers publics du pays, UE, BCE et FMI.

Cette nouvelle feuille de route «présente les grandes lignes des nouvelles mesures» dont les bailleurs de la Grèce exigent l'adoption pour débloquer un nouveau prêt d'au moins 130 milliards d'euros décidé par la zone euro fin octobre, selon une source du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND).

«L'accord de principe» du socialiste Georges Papandréou, du conservateur Antonis Samaras et du leader d'extrême-droite Georges Karatzaféris à cette nouvelle cure de rigueur est ardemment attendu par les partenaires du pays exaspérés par plusieurs jours d'atermoiements politiques.

Sauf nouveau coup de théâtre, la réunion des chefs de partis doit débuter «après 13h00 GMT» (8h00 à Montréal), ont indiqué les services du premier ministre.

Après un premier claquage de porte dimanche soir, les dirigeants politiques devaient initialement se retrouver lundi. Leur réunion a été remise plusieurs fois depuis, en raison de tractations fiévreuses avec la troïka autour de certaines mesures catégoriquement rejetées par l'un ou l'autre des partis.

Après aval, ce programme de réformes doit être soumis à un vote du parlement.

Le contreseing grec à la cure de rigueur, durcissant des mesures déjà adoptées en contrepartie d'un premier plan UE-FMI de 110 milliards en mai 2010, doit permettre le déblocage de 130 milliards d'euros décidés fin octobre. Sans cette nouvelle aide, la Grèce court au défaut de paiement fin mars.

Le prix social à payer sera douloureux: selon les informations parues ces derniers jours se profilent une baisse de 20 à 22% du salaire minimum qui passerait à environ 500 euros pour les quelque 325 000 salariés concernés, des coupes de 15% dans les retraites complémentaires et la suppression rapide de 15 000 emplois dans le secteur public.

Le prix politique de ces mesures impopulaires risque également d'être lourd pour des partis qui se préparent à des élections législatives anticipées en mars ou avril. C'est aussi la raison pour laquelle la troïka des créanciers souhaite avoir leur engagement explicite à poursuivre le programme.

Actuellement, la Nouvelle démocratie (droite) est en tête dans les sondages.

Mardi, plus de de 20 000 personnes ont manifesté à Athènes et Salonique contre les nouveaux sacrifices à venir dans une Grèce qui entame sa cinquième année de récession.

Pour autant, les médias grecs tablaient mercredi sur un accord imminent et sur la «fin du rude bras de fer entre gouvernement et troïka après de douloureuses négociations avec le pistolet sur la tempe», pour reprendre les termes de Ta Nea (pro-gouvernemental). Selon le quotidien financier Naftemporiki, les mesures seront «bouclées aujourd'hui».

Selon l'agence de presse grecque Ana, l'assemblée législative, où M. Papademos désigné après l'éviction en novembre du socialiste Papandréou dispose d'une majorité de principe de 255 voix, pourrait se réunir pour un vote en procédure d'urgence dimanche.

Le temps presse pour la Grèce qui a promis de lancer la semaine prochaine l'autre volet de cette négociation internationale à plusieurs bandes: l'opération d'effacement par les créanciers privés de 100 milliards de dette grecque, quasi-finalisée fin janvier à l'issue de tractations entre Athènes et les créanciers privés de la Grèce, représentés par l'Institut de la finance internationale (IFF)

Selon Naftemporiki, les derniers détails de ce PSI (private sector involvement) ont été réglés lors d'une rencontre mardi soir entre M. Papademos et les patrons de l'IIF, Charles Dallara et Joseph Ackermann, dirigeant de la Deutsche Bank.

Le ministère des Finances grec Evangelos Venizelos avait indiqué que cet accord serait également soumis au vote du Parlement, avant le lancement au plus tard le 15 février de l'offre publique pour l'échange de titres, censé réduire la dette du pays autour de 120% du PIB en 2020 --au lieu de 160% actuellement-- au prix de pertes réelles d'environ 70% pour les banques et fonds.