Le géant des magasins de grande surface Walmart (WMT) veut plus que doubler sa présence en alimentation au Québec d'ici un an avec l'ouverture d'au moins huit de ses grands «supercentres», dont les premiers dans des villes en régions.

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Ces «supercentres», qui combinent un magasin de grande surface et un supermarché sous un même toit, s'ajouteront aux six ouvertes dans la grande région de Montréal depuis l'an dernier.

Cet ajout particulier en alimentation fait partie du programme d'expansion accélérée de «73 projets de magasins» au Canada cette année, qui a été confirmé hier par Walmart et dont La Presse Affaires avait ébruité les grandes lignes en novembre dernier.

Selon la présidente de Walmart Canada, Shelley Broader, en poste depuis septembre, la poussée d'investissements fera une «année excitante» pour le 18e anniversaire de ce détaillant en sol canadien.

Mais de l'avis d'analystes, cette poussée d'expansion de Walmart vise à mieux concurrencer l'implantation au Canada l'an prochain de l'un de ses principaux rivaux aux États-Unis: la chaîne de magasins de grande surface Target.

Ce détaillant, réputé pour ses produits originaux à prix concurrentiels, cible l'ouverture dans un an, au printemps 2013, des premiers de ses quelque 130 magasins prévus au Canada d'ici quelques années.

La plupart de ces nouveaux magasins Target seront implantés dans des emplacements repris de la chaîne de magasins Zellers. Ce détaillant est en voie de démantèlement par sa société mère, le groupe torontois HBC (La Baie).

Au Québec, Target s'aligne sur un réseau d'au moins 27 magasins de grande surface, dont plusieurs compteront des comptoirs d'aliments frais et une pharmacie en franchise.

Chez Walmart, la confirmation hier d'une poussée d'investissements au cours des prochains mois a permis d'en savoir un peu plus sur son contenu québécois.

Ainsi, des 73 «projets de magasins» prévus au Canada cette année - un nombre record selon Walmart -, au moins 17 seront réalisés au Québec, a-t-on indiqué à La Presse Affaires.

Par ailleurs, la moitié de ces projets, soit neuf magasins, proviendront de la conversion des magasins Zellers dont Walmart a acquis un lot de 39 baux un peu partout au Canada, l'automne dernier. Cet achat était en suivi des transactions immobilières semblables effectuées entre Target et HBC en début d'année 2011.

Avec ces ajouts, l'empreinte commerciale de Walmart au Québec passera de 54 à 71 magasins en tout d'ici un an. Et de ce nombre total, au moins 14 devraient être des «supercentres» dans un an, comparativement à 6 actuellement.

En dollars, Walmart prévoit investir quelque 750 millions pour cette poussée d'expansion et de rénovations d'ici un an. Une part d'environ 150 millions de ce budget d'investissement est prévue au Québec.

Quant aux effectifs, Walmart prévoit que l'ajout de 17 magasins au Québec d'ici un an nécessitera l'embauche de quelque 1600 salariés à temps plein et à temps partiel.

Dans le marché de l'alimentation, les ambitions accrues de Walmart au Québec risquent d'embêter les principaux détaillants déjà établis comme Metro, Loblaw/Provigo et IGA.

Jusqu'à maintenant, c'est en Ontario surtout que ces grosses entreprises de supermarchés ont le plus subi la vive concurrence de Walmart sur les prix des principaux aliments frais et emballés.

Walmart est d'ailleurs connu dans ce milieu pour sa vigile très serrée des prix et des rabais chez les chaînes de supermarchés concurrentes afin d'ajuster continuellement ses prix affichés au plus bas.

Interpellé à ce sujet en marge de l'assemblée des actionnaires de Metro la semaine dernière, son président et chef de la direction, Éric La Flèche, a indiqué que le plus gros détaillant en alimentation sous contrôle québécois avait les atouts nécessaires pour résister à cette concurrence accrue.

Avec les magasins Super C au Québec et Food Basics en Ontario, «on a des prix concurrentiels [par rapport à Walmart et à Target] pour les gens pour qui le prix est le premier critère», a indiqué M. La Flèche.

Quant aux supermarchés Metro, «on va aussi avoir une expérience d'achat alimentaire qu'on souhaite et pense supérieure pour nous distinguer, surtout pour ce qui est des fruits et légumes».